Une heure pour traire les 140 montbéliardes à deux personnes ! C'est la performance du Gaec Girard-Clerc, qui utilise un roto Westfalia de 32 postes en traite extérieure. Le manège a une cadence de 192 vaches à l'heure en six révolutions. « On tourne à plus de quatre tours à l'heure, commente Jean-Baptiste Girard. Cette vitesse réduite est nécessaire car certaines vaches ne sont pas terminées à la fin d'un tour. »

Le Gaec, composé de cinq adhérents (frères et cousins), est basé à Bay, en Haute-Saône. Cette exploitation de polyculture-élevage, sur 500 ha, avec un quota laitier de 1,3 million de litres. Deux cents hectares sont dédiés à l'alimentation et le reste à la production de céréales. « Pour nous, traire n'est pas une contrainte. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes dirigés vers un système "traditionnel". Le robot de traite est intéressant pour un troupeau inférieur à 80 vaches. Au-delà de 120 laitières, on passe en grand troupeau et il est primordial de bien choisir son installation. Avec un robot, la surveillance de l'ordinateur est contraignante et oblige à rester dans le bâtiment d'élevage durant la journée. Avec le roto, on peut se consacrer à d'autres activités.

UN SYSTÈME PRÉVISIONNEL

Avant de se lancer dans ce projet après la fusion des deux exploitations, les adhérents ont visité différentes installations, en ligne ou en manège intérieur et extérieur. Après plusieurs retours d'utilisateurs de différents systèmes, c'est le roto extérieur qui est retenu. Une salle de traite de 2 x 16 en TPA (traite par l'arrière) aurait pu répondre aux besoins du Gaec, et ce avec un coût inférieur, mais ce système atteint vite ses limites avec un troupeau supérieur à 150 vaches. Le roto, acheté 220 000 €, est plus évolutif et accepte aisément une augmentation du troupeau, tout en conservant une durée de traite inférieure à 1 h 30.

« En 2008, nous avons étudié l'investissement total – bâtiment plus installation de traite – avec un prix de revient du lait inférieur à 300 € les 1 000 litres. La structure complète s'élève à 5 500 €/vache. A proximité du bâtiment, un silo couloir de grande capacité stocke les 70 ha d'ensilage. Actuellement, 140 laitières sont élevées dans la stabulation, qui peut accueillir 200 vaches. « Notre structure est conçue en prévision de la suppression des quotas et peut accueillir cinquante vaches supplémentaires. »

Le bâtiment est uniquement dédié à la production laitière. L'aire d'exercice repose entièrement sur caillebotis avec tapis en caoutchouc et abrite la fosse de 3 000 m3. Seule l'aire d'attente devant la salle de traite n'est pas recouverte de tapis, de manière à inciter les vaches à venir plus facilement au roto.

CONFORT DE TRAITE

Dans le prolongement de la stabulation, les vaches se dirigent vers l'aire d'attente pour la traite. Elles sont bloquées par un chien mécanique suspendu à un rail. Ce dernier avance de 40 cm lorsque trois laitières sont entrées dans le manège. En traite extérieure, les productrices arrivent en marche avant par un corridor et se placent les unes à côté des autres. Lors de la traite, on peut apprécier le silence qui règne dans le bâtiment. Aucune barrière métallique ne s'ouvre ni ne se ferme. La traite se fait par l'arrière. Deux opérateurs sont sollicités : l'un qui lave, l'autre qui branche. Les premiers jets sont tirés systématiquement par l'opérateur qui branche.

« Une fois que les vaches sont branchées, on n'a plus de visuel sur elles. Un écran de contrôle nous informe en cas de problème », explique un des membres du Gaec. L'opérateur peut modifier à tout moment la vitesse de rotation et le sens de marche. Sur la périphérie du roto, deux fils permettent de le stopper en cas de problème. En fin de traite, les trayons ne sont pas trempés, la sortie se faisant à l'opposé.

« Il y aurait la solution de robotiser cette tâche, mais nous rencontrons très peu de problèmes de mammites et nous avons peu de vaches avec des taux de cellules importants », se félicitent les agriculteurs. Les vaches se sont facilement habituées à reculer toutes seules en fin de cycle. Elles traversent ensuite un couloir qui les conduit à la stabulation. Elles y reçoivent une ration de base composée d'ensilage de maïs et d'herbe, du foin et des drêches de brasserie. Elle est complétée par des concentrés et du maïs grain humide.

Plusieurs avantages ont incité les adhérents à choisir ce système en traite extérieure, à commencer par le confort animal. Les vaches se voient les unes les autres et sont donc moins stressées. Le nombre de vaches est optimisé, sur un diamètre de 13 m. Lors de la traite, l'opérateur n'est pas enfermé dans le manège et, lors du lavage au jet, les bouses sont évacuées vers le caniveau central sans éclabousser les murs. « Aujourd'hui, nous sommes entièrement satisfaits de notre installation. Si c'était à refaire, on prendrait même un roto plus grand, afin d'augmenter le temps disponible de traite par vache.