Depuis quelques semaines, c'est la météo. Auparavant il y a eu la crise en Libye, la catastrophe nucléaire au Japon, l'embargo et la sécheresse en Russie, la crise financière de 2008, la crise des subprimes en 2007...
Les facteurs susceptibles d'emporter le marché sont multiples et souvent imprévisibles, mais leur identification permet d'être plus réactif et de dissiper une partie du brouillard dans lequel notre secteur se perd parfois, sans repères.
En théorie, les prix devraient refléter l'état de l'offre, de la demande et des stocks, qui résument à eux seuls les grands rapports de force. Mais c'est sans compter que, via les marchés financiers agricoles (marchés à terme), les cours des grains se retrouvent interconnectés à l'ensemble de l'économie.
Depuis 2003-2004, les fonds d'investissement découvrent les marchés agricoles comme support de placement. Désormais, ils ont une emprise telle qu'ils peuvent modifier le signal des prix. Les biocarburants ont aussi créé une passerelle supplémentaire vers le marché erratique du pétrole.
Dès lors, il devient indispensable d'observer d'autres secteurs et l'actualité, pour comprendre le marché des grains.
L'infographie ci-dessous résume les éléments qui agissent sur les cours des céréales. Leur influence est plus ou moins importante selon les périodes. Les marchés connaissent ainsi des épisodes cycliques – le weather market (1) se rencontre tous les ans à cette période – ou ponctuels, lors des crises.
Les crises se suivent et ne se ressemblent pas. Celle des subprimes en 2007 avait propulsé les prix à la hausse. Revendant leurs actifs toxiques, les fonds ont repositionné ces liquidités sur les marchés des matières premières.
La crise du système financier en 2008 a ramené les cours au plus bas. Les gains accumulés par les fonds sur les marchés des matières premières ont alors servi à financer les pertes subies par ailleurs, ceci d'autant plus que les excellentes récoltes ont privé les marchés agricoles de nouvelles perspectives de hausse.
En 2011, la crise est venue de l'accident nucléaire du Fukushima. Cette catastrophe subie par la troisième puissance économique mondiale a laissé craindre un ralentissement global de l'économie.
Aujourd'hui, le weather market devrait s'imposer, mais jusqu'au 9 mai, les ventes des financiers sont encore une fois venues brouiller les pistes.
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(1) Weather market : influence du climat dans les régions de production sur les cours mondiaux des grains.
Une autre approche avec l'analyse technique« En plus d'être très complexe, l'analyse des facteurs d'influence du marché se révèle également imparfaite car elle ne prend pas en compte la psychologie des intervenants », décrient les partisans de l'analyse dite technique. Cette approche pose pour principe qu'il est plus intéressant d'étudier les graphiques d'évolution des cours (lire Faire parler les graphiques pour décider la vente des céréales), car le prix fait la synthèse à un moment donné de toutes les informations disponibles, y compris l'attitude des opérateurs. En réalité, les traders combinent la plupart du temps les deux méthodes. L'analyse du marché se révèle pertinente lorsque ce sont les fondamentaux qui s'imposent, tandis que l'analyse technique devient plus efficace lorsque les financiers donnent le ton. |