La « vaccination par les éleveurs » était, pour la profession, l'un des enjeux de la loi de modernisation de l'agriculture. Et il ne manque plus que les ordonnances précisant les actes et soins courants qu'un agriculteur peut réaliser lui-même.

Mais, à n'en pas douter, la vaccination, et en particulier celle contre la fièvre catarrhale ovine (FCO), en fera partie. Les annonces du ministère, après le comité de pilotage national de suivi de la FCO réuni le 20 octobre 2010, ne laisse plus planer aucun doute.

Changement de cap

Pour la campagne 2010-2011, les pouvoirs publics considèrent que la situation épidémiologique a suffisamment évolué pour alléger le dispositif. Ce qui les conduit à annoncer que la vaccination ne sera plus obligatoire mais volontaire à partir du 2 novembre 2010. Et qu'elle « pourra être réalisée, au choix de l'éleveur, pour les animaux destinés à rester sur le territoire national, par lui-même ou par un vétérinaire ».

Cet allègement ne vaut que pour les animaux qui restent en France.

Pour exporter, l'intervention du vétérinaire reste indispensable pour obtenir la certification officielle, le sésame pour quitter le pays. Ou plutôt pour que nos voisins italiens continuent à accueillir nos broutards.

L'accord franco-italien sur les échanges de bovins vivants n'a pas été renégocié. Il a été prorogé selon les professionnels présents au comité de pilotage.

« Le commerce sera plus simple avec l'Espagne, qui a le même statut sanitaire que nous, estime Gérard Poyer, président de la Fédération française des commerçants en bestiaux.

Ce sera différent avec l'Italie, où nous ne pourrons plus exporter de petits veaux. C'est bien de faire confiance aux éleveurs. Nous n'avons pas d'inquiétude dans les régions traditionnelles d'exportation, mais ailleurs, la vaccination sera-t-elle massive ? »

Et tout le monde insiste pour qu'elle le reste. Que ce soit les pouvoirs publics ou la Fédération nationale bovine qui rappelait, le 20 octobre 2010, la nécessité de « vacciner pour protéger son troupeau, pour protéger le cheptel français, pour protéger notre capacité d'exportation ».

 

Le virus de la FCO probablement encore présent dans l'Hexagone

Avant de valider le caractère volontaire de la vaccination 2010-2011, le ministère a consulté l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Que constatent les experts ?

D'abord qu'après avoir doublé entre 2007 et 2008, le nombre de foyers a chuté à 83 en 2009. Ils n'en concluent pas pour autant que le virus a disparu. Les analyses réalisées dans le cadre de la surveillance de la maladie attestent de sa présence au début de 2010.

Ce qui conduit les experts à estimer élevée à très élevée la probabilité que les sérotypes 1 et 8 circulent encore sur le territoire continental français.

L'éradication de ces sérotypes ne serait pas pour autant hors de portée. Elle « paraît possible dans l'avenir [...] mais nécessite la poursuite des efforts déjà mis en place ».

L'Afssa insiste sur « la nécessité de maintenir un taux de couverture vaccinale le plus élevé possible » pour ne pas assister à un redémarrage de la maladie en 2011. Elle souligne que malgré le caractère obligatoire de la campagne 2009-2010, seulement 37 % des ovins étaient vaccinés au 25 mai 2010. Et le risque que ce taux s'affaiblisse encore avec une vaccination facultative.