Au printemps, le temps froid et la faible pluviométrie ont fortement pénalisé la pousse de l'herbe, amenant de nombreux éleveurs à faire pâturer des parcelles réservées à la fauche.
Les repousses sont elles aussi quasi inexistantes dans certaines régions. Les pratiques habituelles ont été perturbées par ce printemps atypique. Il s'agit de retrouver les bons réflexes.
Pâturage : l'organiser en paddocks
Pour valoriser au mieux l'herbe, le pâturage tournant reste la meilleure option, quitte à cloisonner les parcelles pour les organiser en paddocks.
« Mais, s'il faut prolonger le pâturage au maximum dans la saison, il faut aussi éviter le surpâturage », alerte Sabine Battegay, ingénieur à Arvalis, basée à Rennes. Le temps de séjour sera limité à moins de huit jours par paddock, à raison de 7 ou 8 ares par UGB.
La chambre d'agriculture de l'Orne encourage les éleveurs à maintenir, dans la mesure du possible, entre dix et quinze jours d'avance de pâturage, et à bien faucher les éventuelles parcelles en excédent. Ces dernières pourront ensuite réintégrer la rotation des paddocks. Les repousses fourniront alors une herbe de qualité.
« Pour le temps de retour sur une parcelle, les conseils restent classiques : le temps de repousse est d'au moins trois, quatre semaines en graminées pures, rappelle Bernard Houssin, de la chambre d'agriculture de la Manche. Au-delà, il faut veiller à éviter l'épiaison.
Sur des prairies en ray-grass anglais et trèfle blanc (RGA-TBA), le temps de repousse est plus long : on peut aller jusqu'à cinq, six semaines, voire davantage, afin de bénéficier du rendement permis par l'association avec le trèfle. L'appétence de ce dernier favorisera ensuite un pâturage ras. »
Herbe épiée : faucher les refus
Cette année, peu d'éleveurs se sont laissés déborder par l'herbe. Les prairies épiées sont donc rares, mais si c'est le cas, il faut impérativement les faucher dans l'espoir d'obtenir des regains si une période pluvieuse arrive. Sinon, l'herbe sera de mauvaise qualité, avec beaucoup de refus et de pertes à la clé.
Le foin de graminées épiées sera attribué en priorité aux génisses d'un an, auxquelles il est profitable : plus dur qu'un foin jeune, son action piquante stimule le développement du rumen.
Fertilisation : seulement s'il pleut
« Sur des graminées pures, on peut apporter 40 unités d'azote, à condition qu'il ait plu suffisamment avant, ou que des précipitations soient annoncées dans lesjours qui suivent, conseille Bernard Houssin. En année normale, en Normandie, il n'y a pas vraiment d'arrêt de la végétation en été. Des apports d'azote en septembre restent efficaces. »
Ce qui n'est pas le cas pour les zones plus méridionales. Quand les températures élevées s'installent, la fertilisation est strictement déconseillée.
Pousse d'automne : à valoriser
« L'herbe d'automne possède une bonne valeur alimentaire, dans la mesure où la prairie a été correctement valorisée avant : pas épiée, pas de refus... explique Sabine Battegay. Même si la production reste plus faible qu'au printemps. Le rendement est moins élevé, et surtout très dépendant des conditions climatiques de l'automne et de la minéralisation. »
Pour autant, les apports du pâturage d'automne ne sont pas à négliger. « S'il y a de la chaleur et de l'eau, la production peut aller jusqu'à 25 % de la production annuelle de la prairie, soit environ 2 t/ha de MS. » Tout dépendra des conditions climatiques à venir. « Si le déficit hydrique a été très marqué en été, le rendement chutera. »
Dérobées : une pâture de secours
Une implantation après céréales offre une pâture supplémentaire en fin d'hiver, voire dès le mois d'octobre. Le sorgho fourrager peut être exploité en pâturage rationné avec fils avant et arrière, ou en affourragement en vert. Sous condition d'attendre une hauteur de 60 à 70 cm au minimum. Avant, la teneur de la plante en acide cyanhydrique s'avère toxique pour les animaux.
D'autres dérobées s'exploitent également en pâturage d'automne : le moha, le RGI alternatif ou leur association avec le trèfle d'Alexandrie, mais aussi le colza et le chou fourrager s'ils sont rationnés.