Dans l'Indre, Matthieu Jeanneau s'applique à gérer au mieux les intercultures qu'imposent les deux assolements en place. A Saint-Valentin, sur des sols argilo-calcaires, il pratique une rotation de cinq ans à base de lentilles, blé, colza, blé et orge. Sur un second site, distant de dix-sept kilomètres, composé de sols limono-argileux profonds, il installe successivement des pois d'hiver, du blé dur, du blé tendre, du colza ou du tournesol et du blé tendre. « Les deux fermes sont en zone vulnérable et le second site est intégré pour partie dans le périmètre de captage de Châteauroux, explique l'agriculteur.

Dans les deux cas, nous avons une obligation partielle de couvrir les sols pendant les intercultures longues. Mon système me permet de m'adapter à la réglementation car, dès que possible, je pratique le semis direct sur couvert. »

Adepte de l'agriculture de conservation, Matthieu choisi de couvrir un maximum ses sols. Dans les argilo-calcaires à pH supérieur à 8, il veut rétablir une vie microbienne, améliorer la teneur en matière organique, capter les nitrates et parfois en produire. Et cela limite l'évaporation lors des coups de chaud de mai et juin. Dans les limons, la battance est fortement réduite.

 

Limons : priorité aux nitrates

Dans les sols limoneux, le tout premier objectif assigné au couvert qui suit les pois est de capter les reliquats azotés, qui frôlent parfois 150 u/ha. Le mélange retenu se compose de phacélie et de radis, qui redonne de la porosité au terrain.

Le blé dur est semé en direct après destruction. Entre blé dur et blé tendre et entre blé et tournesol, c'est la féverole qui couvre les sols, dans le but inverse de produire une quarantaine d'unités d'azote.

« Avant tournesol, par précaution, je contrôle la nutrition azotée avec la méthode Héliotest, mais je ne devrais pas avoir à utiliser de fertilisation minérale », estime Matthieu Jeanneau.

 

Espèces complémentaires 

« Dès la récolte de l'orge, j'effectue un déchaumage superficiel pour faire évoluer les résidus. Début août, je sème un mélange de phacélie, d'avoine et de lin d'hiver, détaille Matthieu. Selon le contexte climatique, l'une ou l'autre des cultures domine et toutes sont en mesure de produire de la matière organique. Le couvert est détruit chimiquement l'hiver (ndlr : c'est autorisé quand il n'y a pas de labour derrière). Suit un pseudo-labour, seul travail profond de la rotation. »

Pour l'interculture courte entre lentilles et blé, il fait un simple déchaumage, pour faire lever les graines perdues à la récolte. Leur densité est toujours suffisante et elles fournissent une couverture épaisse qui garde la parcelle propre jusqu'au semis. Après destruction au glyphosate, le blé est semé directement.

Bande d'avoine et féverole  

Entre un colza et un blé, l'agriculteur pourrait se contenter des repousses de colza, qui satisfont à la directive nitrates. En 2009, il a ajouté sur une partie un mélange avoine-féverole de printemps. « Je choisis une variété de féverole vigoureuse capable de vite prospérer et de produire un minimum de 40 kg/ha de nitrates, déduits de la fumure minérale de printemps.

Depuis la montaison, la bande de terrain conduite de cette façon est beaucoup plus dense, ce qui traduit une meilleure croissance des céréales. » Une fois le blé récolté, Matthieu Jeanneau envisage un semis de radis qui sera conservé jusqu'à l'implantation de l'orge d'hiver, à l'aide d'un semoir à coutres capable de s'affranchir des résidus tout en rejetant la paille dans l'interrang. « Grâce à leur fort développement, les radis produisent beaucoup de matière organique et les glucosinolates qu'ils contiennent ont des effets allélopathiques intéressants sur certains champignons du sol comme le piétin échaudage. »