Difficile de garder le moral quand on est éleveur laitier dans les Pyrénées-Atlantiques. Après l'euphorie de 2008, qui a connu un prix proche de 0,40 euro par litre, la chute du prix du lait a mis à rude épreuve les nerfs des producteurs.

En avril 2009, le prix a baissé jusqu'à 0,24 euro par litre, pour se stabiliser aujourd'hui à 0,30 euro. Parallèlement, les charges (alimentation, insémination...) continuent d'augmenter. Chacun, à sa manière, essaie de s'adapter à cette nouvelle donne.

Bertrand, éleveur avec quarante vaches de race prim'holstein pour un quota de 265.000 litres de lait, a décidé de continuer la production. Mais il veut s'ouvrir à l'agritourisme. Disposant d'une vaste maison familiale, il envisage d'en transformer une partie en chambre d'hôtes. Pour lui, ce surcroît de travail sera compensé par un complément de revenu et la perspective d'échanges nouveaux.

Cet autre éleveur des Pyrénées-Atlantiques de cinquante-deux ans, qui tient à conserver l'anonymat, n'y arrive plus : « Il y a deux ans, j'ai mis mon bâtiment aux normes pour aborder l'avenir en toute sérénité, mais aujourd'hui je regrette cet investissement. Mon fils de vingt ans, passionné par le métier, a été désespéré de voir comment ça se passait. Il a préféré partir travailler dans une petite entreprise de réparation d'outils agricoles. Cela a été un crève-coeur de devoir renoncer à ce qu'il aime. Mais si c'est pour galérer toute une vie, il a bien fait. Là, au moins, la paye arrive tous les mois. Dans mon cas, le problème est qu'a mon âge une reconversion est difficile à envisager. Je suis obligé de continuer, même si ce n'est pas facile tous les jours. J'espère qu'après ces longs mois, tout va revenir au calme et qu'on va enfin pouvoir vivre de nouveau en toute sérénité. »

Inquiétude dans les organismes

Des crises dans le secteur laitier, les éleveurs en ont déjà connu et surmonté. Mais celle-ci semble être d'une intensité inégalée. Le département, qui a déjà perdu plus de huit cents producteurs au cours de ces dix dernières années, risque d'assister à une nouvelle hémorragie si la conjoncture ne s'améliore pas.

Par ailleurs, la plus grande incertitude règne dans les organismes de la filière. Au Contrôle laitier, on s'inquiète : sur la seule année 2009, 11 % des élevages ont démissionné. Tant que le prix ne remontera pas, la tentation restera forte de rogner sur toutes les charges...

 

Plus d'un millier d'éleveurs en activité

La filière laitière dans les Pyrénées-Atlantiques compte aujourd'hui 1.200 éleveurs, contre plus de 2.000 il y a encore une dizaine d'années. Le cheptel laitier regroupe 40.000 vaches, pour une collecte de quelque 225 millions de litres de lait.