Céréalier à Ménil-la-Horgne, dans la Meuse, Michel Vauthier a fait évoluer son exploitation d'une manière originale. Il a commencé en Gaec avec son père, puis son frère.
En 1999, le groupement a été dissous afin de permettre à chacun une plus grande marge de manoeuvre en tant que chef d'entreprise, et de donner un statut aux épouses et un avenir aux enfants dans les nouvelles exploitations respectives. Son frère, Daniel, a conservé l'atelier d'engraissement des taurillons.
La surface céréalière a été divisée par deux, mais les deux ex-associés continuent à avoir du matériel en copropriété. Michel, lui, s'est diversifié. Il a pu installer son fils, Guillaume, il y a deux ans, sur la partie fabrication de farine et transformation en pain.
Dès la dissolution du Gaec, Michel Vauthier a créé une EARL pour installer son épouse, Françoise. «Devenu céréalier à 100 %, j'avais du temps libre en hiver. J'ai décidé d'acheter une presse à colza pour produire de l'huile et du tourteau», explique Michel.
Depuis le démarrage, il y a dix ans, il en est à sa seconde presse. Plus performante, elle débite 400 l par jour. L'outil lui permet de transformer sa sole de colza tous les ans. Il livre l'huile par cuve de 1.000 l en camion-benne à une dizaine d'éleveurs de porcs, qui l'incorporent dans leur ration.
Le tourteau est vendu en vrac ou en big bag de 500 kg à des éleveurs laitiers et des engraisseurs de bovins de la région.
Après l'huile, la farine
En 2002, lors de la visite d'un salon professionnel, Michel découvre un moulin à farine autrichien adapté à une production artisanale. «J'ai eu l'idée de produire de la farine. Cette activité a plu à mon fils, Guillaume, qui a décidé d'aller plus loin encore en fabriquant du pain», commente Michel.
Le pain est vendu au magasin de la ferme, ouvert deux jours par semaine, et sur les marchés du terroir dans les zones d'habitation les plus denses des villes de Nancy, Lunéville et Bar-le-Duc.
Pour lancer cette nouvelle activité, l'EARL a acheté un premier moulin, puis un second d'un rendement de 10 kg/h. Et pour installer Guillaume, elle a investi 80.000 € en deux ans. Elle a aménagé une ancienne grange de la ferme.
Cette dernière est utilisée pour loger les moulins, le four à pain, installer le pétrin et les divers accessoires de fabrication. Une aile du bâtiment a été reconvertie en salle de vente. La production de farine est passée de 100 kg par mois à une tonne.
«Parmi nos clients, il y a même un boulanger de Commercy qui utilise notre farine. Et il a baptisé son pain la Méniloise», souligne fièrement Guillaume.
Pour pérenniser cette diversification, Michel Vauthier a acheté un droit de mouture à un meunier partant à la retraite. «Je me suis rendu compte que j'avais beaucoup trop de déchets de triage dont je ne savais pas quoi faire. J'ai repris la presse à granulation du meunier pour mettre ces déchets en granulés destinés à des chaudières», explique Michel.
La machine, fabriquée il y a 40 ans, a été acquise 10.000 €. Les gros moteurs électriques ont été remplacés par la prise de force du tracteur. L'activité est montée rapidement en puissance pour atteindre une production de 50 t cette année.
«Du coup, j'ai diminué la ventilation sur la moissonneuse-batteuse pour récupérer un maximum de déchets dans mon séparateur rotatif», complète Michel.
L'exploitation a formé un apprenti qui est resté comme salarié. Depuis un an et demi, il s'occupe de la préparation des champs et de la production de granulés en hiver.
«Nous avons beaucoup de travail, mais nous sommes restés une entreprise à taille humaine. C'est une grande satisfaction de pouvoir mener nos produits jusqu'au consommateur. L'acte de vente reste pour moi très important. J'ai un facturier qui ne dure plus que quelques mois. Avant, il durait des années !», conclut Michel Vauthier.
1. Du pain sur la planche. Michel Vauthier et son fils, Guillaume, de l'EARL de la Fête produisent du pain avec le blé cultivé sur leur exploitation céréalière.
2. installation. La production de farine, la fabrication du pain et la vente occupent Guillaume à plein temps sur la ferme.
3. Vente à la ferme. Le magasin de l'exploitation propose toute une gamme de produits: farine, huile, pain, pain d'épices, graines.
Le choix de l'autonomie Michel Vauthier a un second fils, Thomas, qui est installé en individuel sur une exploitation voisine de grandes cultures de 100 ha. «Il devrait reprendre progressivement l'activité de pressage du colza et la vente des produits issus de l'oléagineux. Nous n'aurions pas pu nous développer de la même manière en restant en Gaec avec mon frère. Comment aurions-nous pu aider équitablement nos enfants à s'installer? Aujourd'hui, nous sommes trois frères agriculteurs, contents d'être autonomes», précise Michel. |
L'exploitationMénil-la-Horgne (Meuse) - Surface : 250 hectares - Assolement 2009-2010 : *Colza : 67 ha *Blé : 73 ha *Escourgeon : 42 ha *Orge de printemps : 47 ha *Lin graine : 13 ha *Jachère herbe : 8 ha - Cultures transformées : *60 ha de colza *7 ha de blé camp rémy - Productions vendues en direct : - 60.000 l d'huile de colza - 120 t de tourteau de colza - 12 t de farine de blé - 50 t de granulés déchets |
Les résultats - Valorisation du colza : 351 €/t - Valorisation du blé : 735 €/t - Prix de vente des produits : *Huile de colza : 0,65 €/l *Tourteau de colza : 190 €/t *Farine de blé : 0,90 €/kg *Pain de 500 g : 2 €/pièce *Granulés de déchets de triage : 120 €/t - Produit : 352.000 euros - Charges opérationnelles : 66.750 euros - Charges de structure : 224.750 euros - EBE/produit : 36 % |