Présent sur la marché de la variation continue depuis plus de six ans avec ses Agrotron 610 et 620 TTV équipés de la boîte Eccom, Deutz-Fahr propose aujourd'hui un modèle doté de la S-Matic de ZF. Cet Agrotron 630 TTV est annoncé comme le fleuron de la gamme Deutz-Fahr.
Nous avons décidé de mettre à l'épreuve un modèle de présérie sur une exploitation du sud de l'Aisne.
Le programme concocté par les quatre chauffeurs de La France Agricole comporte deux épreuves principales: le labour avec une charrue Varimaster 150 portée à 6 corps à écartement de 14'', et le semis avec un Combiliner Venta de 4 mètres équipé du nouveau rouleau Steeliner. Les deux matériels ont été prêtés par Kuhn.
L'Agrotron nous attend dans la cour de la concession. Au premier coup d'oeil, on comprend que l'engin a du caractère. La ligne avant est agressive et reprend le style des gros Agrotron. Une fois installé en cabine, la qualité de la finition ne laisse aucun doute sur l'origine du tracteur: c'est bien un allemand construit dans l'usine de Lauingen.
Le chauffeur trouve rapidement sa position de conduite idéale grâce aux nombreuses possibilités de réglage du volant et du siège. En revanche, le passager est moins chanceux et doit se contenter d'une simple planche en plastique.
Sur le côté droit de la cabine: rien. Deutz-Fahr a regroupé toutes les fonctions sur l'accoudoir et sur l'avant droit. Cette console dépouillée donne une impression de grande clarté à la cabine.
Un élément attire l'oeil toutefois: l'écran placé juste derrière l'accoudoir. Il s'agit du nouvel ordinateur de bord iMonitor qui effectue une de ses premières sorties officielles. Comme son utilisation n'est pas indispensable pour démarrer, nous décidons de reporter son exploration à plus tard et de commencer à labourer.
L'attelage de la charrue permet de constater que les commandes extérieures du relevage sont montées à l'envers: la fonction levée se situe sur le bouton du bas. Une bonne surprise attend le testeur resté en cabine: dès que la marche arrière est enclenchée, une caméra de recul s'affiche sur l'ordinateur de bord.
Cette option s'avèrera bien utile lors des demi-tours à quelques centimètres des grillages de protection de l'autoroute.
Disposition plus logique des boutons
La reconnaissance des commandes est immédiate pour ceux qui ont déjà conduit un Deutz-Fahr. Le constructeur allemand utilise le même code couleur sur tous ses tracteurs depuis dix ans. Le joystick est l'élément clé de la cabine. Il regroupe plusieurs fonctions dont le relevage, deux distributeurs et l'inverseur.
Sur les premières versions du TTV, la disposition des boutons sur le joystick défiait le bon sens. Deutz-Fahr a rectifié ce problème avec, par exemple, le bouton de marche avant qui est logiquement placé au-dessus de celui de la marche arrière.
Toutes les commandes sont clairement identifiées, sauf deux boutons placés sur le côté et sous le joystick. Pourtant, on a le sentiment qu'ils vont avoir un rôle important à jouer. Après enquête, il s'avère que le bouton placé sous le joystick sert à valider l'inversion du sens de marche lorsqu'elle est commandée par les boutons du joystick.
Une fonction qui nous a peu servi puisque nous avons préféré utiliser le levier d'inverseur classique placé à gauche au volant. Pour comprendre l'utilité du bouton situé sur le côté du levier, il faut entrer dans le détail du fonctionnement de la boîte TTV.
Simplicité du mode Auto
Premier point positif pour l'Agrotron: il est possible de faire avancer le tracteur sans aucune instruction préalable. Il suffit d'actionner le joystick vers l'avant et d'appuyer sur la pédale d'accélérateur pour le faire bouger. Ce n'est certes pas la technique la plus efficace mais elle permet à un retraité peu versé dans l'électronique de déplacer la bête.
La boîte fournit trois modes de conduite: manuel, automatique et prise de force (pdf). Pour choisir le mode de conduite, il faut soulever l'accoudoir et appuyer sur le bouton Mode. Le résultat s'affiche sur le petit écran situé dans le montant droit de la cabine.
L'ouverture de l'accoudoir dévoile deux potentiomètres bien utiles: l'ACC, qui ajuste la sensibilité de la transmission, et son voisin, qui règle la stratégie de conduite en mode Auto, de Puissance à Eco.
La conduite en Auto est celle que recommande le constructeur. Le chauffeur fixe sa vitesse de travail maximale en poussant le joystick. Cette cible s'affiche en haut du petit écran. Il contrôle ensuite uniquement la vitesse d'avancement, à la pédale ou au levier. Le régime moteur est géré automatiquement par le système.
Au labour, on comprend vite l'intérêt du mode Auto puisqu'on se concentre uniquement sur la pédale.
En moyenne, nous labourons à 9 km/h avec un régime de 1.600 tr/min. Il est possible d'utiliser le régulateur de vitesses afin de libérer le pied droit. Il faut alors double-cliquer sur le bouton placé le long du joystick lorsque la vitesse de croisière est atteinte. Une procédure qui n'est pas des plus simples à bord d'un tracteur, et surtout qui s'oublie rapidement.
Point positif par rapport à la boîte Vario: il est possible de repasser instantanément de la pédale au joystick.
Automatiquement en pdf
Comme nous maîtrisons le mode automatique, nous décidons de tester la conduite manuelle. Bonne surprise, ce mode est plus compréhensible que sur certains tracteurs concurrents. L'avancement est commandé avec le joystick et le régime moteur avec l'accélérateur à main.
Il est temps d'atteler le semoir et de tester le mode prise de force. Là, pas besoin de soulever l'accoudoir et de sélectionner le bon mode, il bascule automatiquement vers pdf dès que la prise de force est engagée. Une fois encore, la prise en main n'offre pas de difficulté particulière.
Comme pour le mode manuel, il est possible de mémoriser un régime moteur avec un bouton placé sur l'accoudoir. Ainsi, le chauffeur ne gère que l'avancement, la priorité étant donnée au régime moteur par l'ordinateur de bord.
Entretemps, la température est montée mais, malheureusement, la climatisation s'avère défectueuse. Probablement un colmatage des filtres. Heureusement, il est possible d'ouvrir les petites vitres latérales. Au passage, la visibilité est excellente, aussi bien sur les côtés que devant.
Comme le tracteur se conduit quasiment tout seul, nous pouvons prendre le temps de découvrir le fameux iMonitor et ses nombreuses fonctions.
Toutes les fonctions dans le i Monitor
Ce grand écran couleur se contrôle au moyen d'une grosse molette située sur la console de droite et de plusieurs touches de raccourci. Premier constat: l'iMonitor est très complet, trop même. Nous avons la surprise de découvrir la radio cachée derrière l'un des menus. Un simple poste dans le toit serait plus utile.
La manipulation entre les menus est intuitive mais elle demande beaucoup de tours de molette. Heureusement, il existe cinq touches de raccourcis pour accéder directement aux menus du relevage, de la transmission ou même à la caméra.
Le iMonitor offre la possibilité de régler facilement des paramètres généralement fixés par le constructeur, comme la vitesse de montée de bras de relevage ou l'angle de désengagement du pont avant. L'ordinateur abrite aussi la fonction d'automatisation des séquences de bout de champ. L'enregistrement peut être modifié à l'arrêt.
Seul bémol, le signal qui indique sur l'écran qu'une séquence est engagée est trop petit. Comme sur tous les Deutz, chaque opération de la séquence est déclenchée par un mouvement de levier. Cette technique peut sembler pénible aux chauffeurs habitués à déclencher toute la séquence en appuyant sur un bouton.
A l'usage, on apprécie de pouvoir rajouter certaines manoeuvres en cours de séquence, surtout dans notre cas avec les fourrières acrobatiques en bordure d'autoroute. Après ces deux épreuves, l'Agrotron peut être restitué au concessionnaire.
Il laisse derrière lui l'impression d'un tracteur puissant et sobre qui n'effrairera pas un novice de la variation continue.
La fiche techniqueLe moteur :- Puissance nominale : 222 ch selon la norme 2000/25 EC. - Deutz : 6,057 litres de cylindrée, surpuissance DPC. La transmission :- Variation continue TTV d'origine ZF S-Matic. - Trois modes de travail. |
Le bilan de l'essaiLes plus- Confort en cabine avec la suspension pneumatique - Progressivité de la boîte - Convivialité de l'écran iMonitor Les moins- Levier trop épais et boutons pas assez sensibles - Un peu de délai lors de l'arrêt du régulateur de vitesses - Leviers de sélection des régimes de prise de force |