«Je veux défendre l'intérêt des éleveurs. Votre intérêt, c'est que la filière de l'élevage reste une filière d'excellence [...]. J'ai donc décidé, dans l'intérêt de la filière, que la vaccination [contre la fièvre catarrhale ovine (FCO)] restera obligatoire en 2010 [et] sera réalisée par les vétérinaires.»
Autrement dit, pas question de laisser la seringue aux éleveurs. Le discours du ministre de l'Agriculture au Sommet de l'élevage, le 7 octobre, est très clair.
En maintenant le caractère obligatoire de la vaccination, Bruno Le Maire se range aux arguments de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). «Si la vaccination devenait facultative en France en 2010, non seulement l'éradication à terme de la FCO deviendrait définitivement impossible, mais la maîtrise de la maladie serait nécessairement moins efficace, voire impossible», concluait l'Afssa, dans un avis daté du 3 juillet.
Dans cet avis, les experts n'abordent pas la possibilité de laisser les éleveurs vacciner eux-mêmes. Ce que le syndicalisme majoritaire demande pour les animaux ne nécessitant pas de certification. Une nouvelle fois, Bruno Le Maire prend le contre-pied de son prédécesseur. Il ferme la porte qu'avait entrouverte Michel Barnier.
Pour faire passer la pilule, il a précisé que l'État assumera le coût du vaccin et de l'acte vétérinaire jusqu'au 30 mars 2010. II annonce aussi l'ouverture «des Etats généraux du sanitaire» en janvier prochain, où la question pourra être rediscutée.
Rassurer les acheteurs de maigre
En confiant la tâche aux vétérinaires, le ministre a sans doute voulu éviter les tergiversations éventuelles des acheteurs italiens ou espagnols que les commerçants en bestiaux craignaient. Bruno Le Maire a effectivement insisté, lors de son discours, sur le milliard d'euros que représentent les broutards exportés, sans oublier les 400.000 veaux, pour l'essentiel issus du troupeau laitier, eux aussi vendus à l'étranger.
La vaccination obligatoire présente un autre avantage pour le ministère: celui d'écouler les stocks de vaccins contre les sérotypes 1 et 8 qui restent sur les bras des laboratoires à l'issue de la dernière campagne.
Entre 7 et 8 millions de doses, paraît-il. «C'est un élément de complexité, souligne Jean-Louis Hunault, président du Syndicat de l'industrie du médicament vétérinaire et réactif (SIMV). Les laboratoires ont apporté la preuve que ces doses pouvaient être utilisées pour la campagne qui s'ouvre. Nous avons maintenant besoin d'un décompte fiable pour savoir ce qui reste à produire.» Une réponse qui doit venir du ministère dans les prochains jours.
Un vaccin bivalent dans les tuyauxAujourd'hui, pour protéger des animaux contre la FCO, deux vaccins sont nécessaires: un ciblé contre le sérotype 1, l'autre contre le sérotype 8. Cela veut aussi dire deux injections. Pour intervenir contre les deux sérotypes en même temps, un vaccin bivalent est indispensable. Mérial en a mis un au point. Le laboratoire dispose d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) pour ce produit en Espagne. Il a déposé une demande d'ATU en France. Il est impossible de savoir quand les autorités rendront leur verdict. La campagne débutera donc avec les vaccins monovalents. Mais Mérial assure que dès qu'il aura le feu vert, il mettra tout en oeuvre pour fournir ce vaccin bivalent le plus rapidement possible. |