«J'ai les mêmes préoccupations que mes collègues agriculteurs, informe Christophe Pron, exploitant à Méry-sur-Seine, dans l'Aube, et président de la commission environnementale de la chambre d'agriculture. Je vis également la directive nitrates comme une contrainte à la fois économique mais aussi en termes d'organisation du travail. Cependant, je comprends l'utilité de ces mesures.»

Dès le troisième programme, Christophe avait implanté des couverts en limitant au maximum le coût de l'intervention. «Compte tenu de l'évolution du prix des engrais cette année, j'ai envie de profiter de cette obligation pour réaliser des économies d'azote», expose l'exploitant. Christophe a donc testé un mélange de vesce et d'avoine. Toutefois, vu la faible pluviométrie des dernières semaines, la levée est mauvaise.

90% de couverture en 2009

Dans l'Aube, le troisième programme de la directive nitrates imposait déjà en zone vulnérable une couverture des sols à 75% (SAU hors vigne) durant l'hiver, ainsi que des bandes enherbées. «Nous souhaitions nous concentrer sur des mesures efficaces afin d'éviter la percolation des nitrates», explique Christophe.

L'autre axe important était le raisonnement des apports azotés sur la base du rendement réel de l'exploitation. Pour le quatrième programme, entré en vigueur en juillet 2009, 90% des surfaces doivent être couvertes cet automne et les repousses et les chaumes ne sont plus autorisés.

Par ailleurs, pour raisonner ses apports d'azote, chaque exploitant a désormais l'obligation d'utiliser un outil de pilotage (reliquat à la sortie de l'hiver, Jubil, Farmstar, N-Tester, pesée du colza...), les courbes de réponses (résultats d'essais mis en oeuvre dans le département) ou les informations fournies par le réseau départemental d'analyse des reliquats à la sortie de l'hiver.

«Nous avons souhaité ne retenir que les mesures les plus simples et les plus efficaces. Il faut penser à la transcription sur le terrain et aux contrôles de ces règles. Il a fallu batailler sur certains points, comme autoriser les légumineuses en tant que couvert en mélange, par exemple», complète le représentant agricole.

Des dérogations, à déclarer par écrit à l'Administration, ont également été accordées comme en présence d'accidents culturaux.

2009, année blanche

Pour laisser le temps d'informer sur le quatrième programme, la chambre d'agriculture a demandé qu'on sursoit d'une année à ces obligations. L'Administration a refusé tout en précisant que ce serait une année blanche (pas de sanction mais des rappels réglementaires en cas de contrôle).

«Malgré tout, en 2012, 100% des terres devront être couvertes avec "a priori" aucune tolérance. Si l'on n'a pas surveillé ses Cipan de près, on pourrait être sanctionné. Le minimum de bon sens voudrait qu'il y ait au moins 5% de tolérance», s'inquiète Christophe.

 

Guide d'accompagnement: une aide au choix des Cipan

Avec l'arrivée du quatrième programme d'action de la directive nitrates, les cultures intermédiaires prennent plus de place dans les systèmes de culture. Pour accompagner cette évolution, la chambre d'agriculture de l'Aube vient de publier un guide baptisé «couverts d'interculture».

Il rappelle les contraintes réglementaires mais aide aussi à faire ses choix tout en dépassant le cadre réglementaire.

 

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