«Ce qui ne transparaît pas dans le quatrième programme d'action de la directive nitrates, c'est la notion du vivant», commente Gilles Lievens, agriculteur à Bosguérard-de-Marcouville, dans l'Eure, et président de la commission du développement de la chambre d'agriculture.

Même en ayant soigné l'implantation de ses Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates), si le temps est sec, comme c'est la cas cette année, les cultures intermédiaires ne pousseront pas ou difficilement.

Les repousses de colza favorisent les limaces

«Pourtant, tout n'est pas illogique dans ce quatrième programme», estime le représentant agricole. Le maintien des repousses de colza jusqu'au 15 août permet de fixer des reliquats azotés. Toutefois, cette obligation réglementaire ne doit pas engendrer d'autres dégâts (limaces, faux-semis retardés, difficultés de destruction des repousses...

«La couverture des sols en hiver est aussi une mesure dont l'intérêt à été démontré depuis longtemps. En revanche, la généraliser me semble insensé», ajoute le spécialiste.

Sur le département, les sols doivent impérativement être couverts en hiver à 70% en 2009. Auparavant, il y avait un objectif départemental de couverture des sols et les exploitations du sud du département, avec une majorité de Scop hivernales, participaient largement à cet effort. Maintenant, il s'agit d'un chiffre à l'exploitation.

Des avancées ont pourtant été obtenues dans l'Eure. La destruction des couverts ne devait être que mécanique mais il est maintenant possible d'intervenir chimiquement sur 30% au maximum des surfaces.

«Cette règle est intéressante si l'on veut venir à bout des populations de ray-grass ou de vulpin résistantes. Il sera aussi possible de s'affranchir de Cipan pour réaliser des faux-semis, mais en déclarant les parcelles à l'Administration avant le 1er août», complète Gilles Lievens.

Essais de cultures sous couvert de maïs ensilage

Pour les récoltes tardives après le 10 septembre, une dérogation a aussi été accordée dans le cas d'une succession avec une autre culture de printemps. En contrepartie, il faudra réaliser un reliquat à l'entrée de l'hiver.

Pour le maïs ensilage en monoculture, des essais vont être mis en place jusqu'en 2011 afin d'acquérir des références techniques sur l'implantation de cultures sous couvert du maïs.

Parmi les changements majeurs dans l'Eure est apparue la nouvelle définition des cours d'eau. Le dernier arrêté sur les BCAE présente des éléments assez inattendus puisque des fossés d'assainissement ou encore des fossés enfouis ont été ajoutés.

«Il va falloir recadrer les incohérences. Des discussions doivent encore avoir lieu dans les semaines à venir afin d'éclaircir ce point, mais aussi d'autres éléments tels que la règle à adopter si les couverts ne lèvent pas. Les agriculteurs ne cherchent pas à se dérober de leurs responsabilités mais il ne faut pas que la réglementation soit anti-économique, surtout dans le contexte actuel», conclut Gilles Lievens.

 

Réglementation: plus d'informations

Une enquête réalisée auprès des agriculteurs a démontré qu'ils recherchaient des informations techniques mais aussi réglementaires. Une réflexion au sein des groupements de développement agricole (GDA) a donc été menée. Désormais, une spécialiste informe non seulement les conseillers experts en cultures des évolutions réglementaires, mais aussi les agriculteurs grâce à un forfait nommé Agribox.

 

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