«Je m'attache depuis plusieurs années à réduire la consommation d'énergie sur ma ferme, raconte Jean-Claude Gauter, éleveur laitier à Pluvigner, dans le Morbihan. L'année dernière, j'ai réalisé un diagnostic Agri-énergie avec la chambre d'agriculture de la Bretagne. J'ai pu ainsi me situer par rapport aux autres fermes du réseau, et identifier mes marges de progrès.»
Ce diagnostic évalue l'impact environnemental de l'exploitation, aussi bien en termes de consommation de ressources que d'émissions de gaz à effet de serre ou de toxicité des substances épandues.
Bons résultats coté électricité
Pour l'électricité, l'exploitation de Jean-Claude Gauter fait figure de bon élève en affichant une consommation de 33 kWh/1.000 l produits, quand la moyenne régionale est de 67 kWh. «L'installation d'un prérefroidisseur a réduit de moitié la consommation du tank à lait, qui était de 20 kWh par jour au départ», souligne Jean-Claude.
Une partie des calories du lait tiède sont transférées dans de l'eau froide qui circule dans les tuyaux. Le lait passe ainsi de 38°C à 19°C avant d'arriver dans le tank. L'eau, initialement à 13°C, gagne 5 ou 6 degrés au contact du lait. Elle est ensuite récupérée dans une cuve de 1.000 litres, branchée sur les abreuvoirs des vaches.
«Le prérefroidisseur me fait économiser 500 € par an pour un investissement de 2.700 €, constate Jean-Claude. Aujourd'hui, les prix se situent plutôt autour de 4.000 à 5.000 €, mais une subvention de 40% peut être accordée dans le cadre du plan de performance énergétique des exploitations (PPE).»
L'ancien chauffe-eau, autre poste de consommation important, vient tout juste d'être remplacé par un chauffe-eau neuf équipé d'une pompe à chaleur. «En pompant la chaleur à l'intérieur de la laiterie, l'appareil restitue 3,8 kWh pour chaque kWh consommé, explique Jean-Claude. L'investissement a représenté 3.888 €, installation comprise, pris en charge dans le cadre du PPE à 40%.»
Des marges de progrès existent en revanche du côté de la consommation de fioul. Les 137 l par ha (pour une moyenne régionale de 114 l par ha) s'expliquent en partie par la dispersion sur trois sites, distants de 5 à 10 km les uns des autres. «L'épandage de lisier exige plus de travail et de puissance que celui de l'engrais, ajoute Jean-Claude. Or, j'en épands 2.000 m3 par an.»
Un certain nombre de leviers sont déjà activés pour tenter de maîtriser ce poste. Les céréales sont semées sans labour. La technique a également été expérimentée sur le maïs, mais elle rend la gestion des adventices trop ardue.
L'utilisation d'huile végétale brute comme carburant est une autre alternative. «Je cultive du colza, qui produit à la fois du tourteau pour les vaches et de l'huile pour les machines, poursuit-il. J'incorpore 20% d'huile de colza dans mes vieux tracteurs, car les moteurs s'adaptent bien. En revanche, je ne m'y risque pas avec les modèles neufs.»
Des pistes restent à explorer, afin de toujours mieux concilier respect de l'environnement et rentabilité économique.
Eplucher les données de l'exploitationLe diagnostic se base principalement sur les factures d'achat des intrants, du matériel et des bâtiments, et sur la consommation d'électricité, de gaz et de fioul sur une année de référence. En tenant compte du nombre d'animaux et de leur production (lisier et fumier y compris), les dépenses énergétiques sont calculées et rapportées aux 1.000 litres de lait produits à l'hectare. Les substances épandues font également l'objet d'un indice de toxicité. Les résultats sont comparés à ceux de 170 exploitations laitières conventionnelles de la région et d'une trentaine de fermes biologiques. |
Economie d'énergie: dans les gîtes aussiJean-Claude et Annie Gauter tiennent des gîtes, isolés avec du chanvre (7 cm) et équipés d'une pompe à chaleur reliée à un plancher chauffant. Pour 1 kWh consommé, 3,7 kWh sont restitués. |