Des agriculteurs ont recours au décapage thermique de leur stabulation comme alternative au rainurage pour améliorer le confort de leur troupeau de vaches sur les sols glissants. Cette technique, qui permet d'augmenter l'adhérence du béton, est utilisée pour les aires de raclage ou sur les caillebotis des bâtiments agricoles.Le procédé repose sur un choc thermique obtenu à l'aide d'une flamme d'Oxy-Flamal 29 (mélange d'oxygène et d'un gaz combustible) de 3.000 °C qui vient éclater le béton en partie supérieure. Il est utilisé dans le secteur du bâtiment pour le décapage du granit, mais c'est dans les services de voirie qu'il est principalement employé pour améliorer l'adhérence des trottoirs. Il y a une vingtaine d'années, Noël Poncet, du Gaec des Vernes, à Grozon (Jura), a eu l'idée de transposer la technique au domaine agricole en faisant appel à la société Air liquide pour bénéficier du matériel adéquat. En raison d'une demande de plusieurs agriculteurs de l'Ouest, Luc Papeta, alors prestataire d'Air liquide, a créé l'entreprise Tounet, qui propose un service complet de décapage thermique dans toute la France.
Décapage thermique. Les adhérents du Gaec Baud (Haut-Jura) ont choisi le surfaçage thermique pour l'aire d'exercice des vaches laitières, celles-ci passant près de six mois dans le bâtiment d'élevage.
Flammage. Le brûleur supporte 41 buses qui décapent le béton sur une épaiseur de 1 à 3 mm. La température des flammes est de 3.000 °C.
Résidus. Le surfaçage n'est pas dangereux pour le béton et il génère très peu de résidus. Ceux-ci peuvent être soufflés ou évacués lors du raclage.
Surface rénovée. Le cadre de vie du troupeau est amélioré. Les vaches n'hésitent pas à se déplacer.
Un service clés en main
Le flammage du béton en stabulation commence par un nettoyage rigoureux de l'aire à décaper. Ceci dans le but d'assurer un travail de qualité et limiter le risque d'incendie. Il faut environ 45 minutes pour nettoyer 100 m2 avec de l'eau à une température de 50 °C, à l'aide d'un nettoyeur haute pression. Ce dernier est équipé d'une roto-buse offrant une largeur de travail de 35 cm classiquement. Pour bien nettoyer à l'intérieur des caillebotis, elle peut aller jusqu'à 60 cm avec une cloche munie de deux buses rotatives. Ensuite, la surface est séchée à l'air pulsé avec un souffleur, puis le flammage du béton peut commencer.
Le chantier est réalisé avec deux appareils qui travaillent en parallèle. Pour un travail de 60 cm de largeur, le brûleur comporte 41 buses. Le technicien s'attaque à des petites surfaces et commence par chauffer le revêtement à traiter avec un passage rapide puis un second plus lent. La flamme chauffe les revêtements âgés, abîmés et même rainurés, et éclate les premiers millimètres, révélant un nouveau support, sain, sec, propre et rugueux.
Le procédé n'est pas dangereux et ne détériore pas le béton, mais il doit être effectué sur un revêtement âgé d'au moins un an. Les résidus sont ensuite nettoyés à la souffleuse ou évacués lors du prochain raclage. Le décapage thermique peut être appliqué plusieurs fois sur la même dalle. Pour les caillebotis, Luc Papeta utilise au préalable un testeur de présence de méthane. Si le taux de gaz est élevé, la fosse doit être ventilée afin d'éviter les risques d'incendie.
Un confort pour l'animal
Pour les éleveurs, le résultat est convaincant, malgré un surcoût non négligeable face à la technique du rainurage. Pour un chantier clés en main, le coût de la prestation de nettoyage, soufflage et surfaçage varie entre 6 à 10 euros du mètre carré, selon les surfaces. Cependant, aux dires de Noël Poncet,l'ambiance de la stabulation est complètement différente et le bien-être des vaches laitières grandement amélioré. Celles-ci n'hésitent plus à se déplacer sur l'aire d'exercice, qui était trop glissante auparavant, ce qui favorise le travail de l'éleveur lors de la détection des chaleurs.
L'éleveur ressent une nette diminution des accidents, des glissades pouvant provoquer l'écartèlement des animaux. C'est aussi intéressant lors du raclage : le fumier et les jus sont bien évacués de l'aire et le bâtiment reste sain.
Un travail garanti dix ansIl faut environ une bouteille de gaz et une demie d'oxygène pour décaper 100 m2 de béton. Ils sont contenus à l'état liquide dans des bouteilles de 35 kg et passent en phase gazeuse grâce à un détendeur, avant de se mélanger. Les buses en laiton supportées par le brûleur propagent une flamme de 3.000 °C. Ce dernier est refroidi par un circuit d'eau afin d'améliorer la longévité du matériel et de favoriser la sécurité de l'utilisateur derrière sa machine. Le rendement de chantier se situe autour des 35 m2 à l'heure dans de grandes stabulations.
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Avec une largeur de 60 cm, le surfaçage peut être réalisé dans les endroits les plus restreints d'un bâtiment d'élevage, et il est garanti dix ans. A l'avenir, la société souhaite investir dans un tracteur électrique muni d'une rampe frontale de 1,20 mètre, de manière à augmenter le rendement de chantier et améliorer la qualité de travail de l'opérateur.
Nouvelle norme. Depuis le 1er mars 2008 le gaz tétrène a été remplacé par le flamal 29.
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