On ne badine pas avec la santé! Durant les opérations de traitement phytosanitaire, les équipements de protection individuelle (EPI) constituent le dernier rempart contre des contaminations. Leur emploi se raisonne selon une évaluation préalable des risques.

Tout d'abord, la lecture de l'étiquette du produit informe sur sa toxicité, indiquant ainsi les protections à revêtir. Ensuite, l'activité décide du degré de protection nécessaire: par exemple, la préparation de la bouillie comporte plus de risques de contamination que l'application du produit. Les EPI requis dépendent aussi de l'environnement de travail.

En grandes cultures, l'opérateur aura besoin de moins de protection s'il traite depuis une cabine fermée que depuis un poste de conduite exposé au produit.

Tous les EPI commercialisés protègent efficacement. Il reste à bien choisir son matériel et à s'en servir correctement. Chaque EPI doit être adapté, en bon état et bien entretenu. Il faut veiller à ce qu'il soit ajusté à la morphologie de l'utilisateur, de manière à favoriser le confort d'utilisation.

Les lunettes: des modèles antibuée et antirayures

Le choix des protections oculaires dépend du type du masque utilisé. Elles doivent s'y superposer tout en protégeant au maximum le haut du visage. Les lunettes doivent satisfaire les normes EN 166 ou 168. Les modèles des classes 1 et 2 sont les mieux adaptés pour un usage prolongé. Il en existe avec des protections solaires (échelon 5-2) ou pouvant se superposer sur des lunettes de vue. Des modèles antibuée (sigle N) facilitent leur usage.

Qu'il s'agisse de masques ou d'écrans faciaux, il faut opter pour des modèles en résine polymérisée ou en acétate. Ceux en polycarbonate se dégradent au contact des solvants. Une propriété antirayures (sigle K) prolonge la durée de vie de ces équipements.

Les masques: ventilation libre ou assistée

Les appareils à ventilation libre sont les plus adaptés aux traitements en grandes cultures. Un demi-masque présente les avantages d'être léger et facile à porter, à condition d'avoir des lunettes adaptées.

Les masques complets assurent quant à eux une protection intégrale du visage, conférant un champ visuel plus large que certaines protections oculaires. Ils sont aussi plus étanches. En revanche, il existe des risques de buée en cas de chaleur.

Les appareils à ventilation assistée, presque dix fois plus chers (à partir de 400 euros), paraissent excessifs pour un usage en grandes cultures. Toutefois, en plus d'assurer une protection intégrale du visage, ils proposent un confort d'utilisation intéressant.

Dans tous les cas, les masques doivent porter le sigle CE et répondre à la norme EN 143.

Les cartouches adaptées à la manipulation des produits phytopharmaceutiques sont les filtres A2P3. Il n'y a pas d'indicateurs annonçant leur saturation. Dans l'état actuel des connaissances, il est conseillé de les changer six mois après leur première utilisation. Leur bon entretien est primordial: après les avoir retirées du masque, il faut les fermer avec leur opercule et les ranger dans un sachet hermétique.

Les gants: des matières anallergiques

Le risque de contamination par voie cutanée est important. Etant très exposées, les mains doivent être protégées quelle que soit l'opération réalisée. Les gants siglés CE, répondant à la norme EN 374, et de catégorie 3 sont requis. Une doublure en textile est recommandée. Elle apporte davantage de confort et réduit les risques de contamination.

Les modèles à usage unique sont à réserver aux manipulations nécessitant une grande dextérité, sans effort mécanique. Les gants réutilisables, d'une épaisseur d'au moins 0,3 mm, sont plus résistants aux agressions physiques et chimiques. Pour les personnes allergiques au latex, des gants en Néoprène ou en nitrile sont disponibles.

Les combinaisons: s'y sentir à l'aise

Les tuniques de catégorie 4 s'avèrent une bonne protection pour manipuler des produits phytosanitaires. Il est important que la combinaison n'entrave pas les mouvements et qu'elle couvre l'intégralité du corps en toute position. Elle doit recouvrir la tête, les bottes et les gants. Une combinaison s'utilise pendant deux à trois traitements, et ne doit strictement servir que dans le seul cadre de cette activité.

Les bottes: allier résistance et confort

Comme pour les gants, une doublure textile est préférable. Dans ce cas, elle évite aussi les mycoses. En caoutchouc, en latex ou en nitrile, les bottes doivent satisfaire aux normes EN ISO 20345 (risques mécaniques) et EN 13823-3 (risques chimiques). Les sigles CE et S5 (ou P5) attestent de l'aptitude des bottes à protéger des produits phytosanitaires.

Rangement: un endroit réservé

Lorsqu'ils ne sont pas jetables, les EPI doivent être enlevés de façon à limiter les contacts avec la peau, avant d'être lavés au savon puis rincés à l'eau. Ils sont ensuite à remiser dans un lieu spécial, hors du local phyto. Au moment de les réemployer, l'utilisateur doit s'assurer de leur bon état (date de péremption, intégrité de l'EPI).

 

Sécurité : les EPI, un maillon dans la chaîne

Les EPI gèrent le risque résiduel, une fois l'ensemble de mesures de protection globale mises en place. L'hygiène de l'opérateur joue beaucoup. S'abstenir de fumer, de boire et de manger pendant le traitement évite des contaminations. De même, le comportement fait partie de la protection.

Citons comme exemple la situation dans laquelle il faut déboucher une buse en plein champ: la meilleure méthode consiste à arrêter l'attelage dans une zone non traitée et à décrasser la buse avec une brosse, et non en soufflant dedans.

Une douche après chaque utilisation de produit et un lavage des vêtements souillés (séparés des vêtements familiaux) participent aussi à réduire les expositions aux matières actives.

 

 

Déchets: pas d'organisation de collecte

En attendant qu'un projet d'organisation de la collecte se concrétise, les agriculteurs sont responsables des déchets. Ils doivent les stocker en lieu sûr ou les éliminer dans une déchetterie apte à les traiter.