Avant de s'installer, les jeunes agriculteurs anticipent pour se créer des conditions de travail acceptables. Bon gré mal gré, ils se dirigent vers les sociétés pour trouver des conditions économiques attractives, mais aussi pour partager le travail. En 2006, 65% des installations (deux tiers en Gaec et un tiers en EARL) ont été établies en société.
Les Gaec apportent une réponse au partage du travail, en particulier pour les éleveurs, avec une mention pour le lait. En revanche, les EARL (à caractère familial neuf fois sur dix) répondent moins à cette attente.
Autre piste pour répartir le travail: les Cuma. L'âge moyen des adhérents ne dépasse pas 40 ans. Lors d'une enquête dans les Pays de la Loire, plus de 90% des Cuma déclaraient avoir accueilli, au cours des cinq dernières années, trois nouveaux adhérents dans leur groupe. Certains facilitent leur arrivée en étalant le paiement des parts sociales. Un quart n'ont pas de démarche ciblée sur les jeunes.
Nouveaux employeurs
Les nouveaux installés n'hésitent pas à explorer la piste du salariat pour faire face à la réduction de moitié du travail des aides familiaux depuis vingt ans. Les services de remplacement, dont la fédération nationale est présidée par un jeune agriculteur, ont comptabilisé 143.000 journées de remplacement pour congés, 9.100 pour maternité, 32.600 pour congés de paternité. C'est un outil attractif pour les nouveaux candidats dans le métier. Vient ensuite le recours aux salariés permanents. En 2005, près d'une exploitation sur quatre a fait appel à eux. Or, selon une étude du Cnasea (1), les employeurs de permanents ont embauché leur salarié deux fois sur trois avant leur cinquième année d'installation.
L'embauche n'attend donc pas le nombre des années, elle fait partie de la cohérence du projet. Et les jeunes vont vite, plus vite s'ils sont hors cadre et éloignés de leur famille que s'ils rejoignent leur conjoint. Les employeurs disent aspirer à une meilleure qualité de vie. Le respect des horaires du salarié les oblige à discipliner les leurs. Ils prennent davantage de jours de congés (11 jours par an au lieu de 8). En revanche, ils travaillent toujours 57 heures par semaine.
Enfin, l'étude du temps de travail (2), effectuée auprès de bénéficiaires de la DJA entre 1988 et 2005, montre les pistes les plus souvent suivies en cas de surcharge de travail: l'appel à l'entraide arrive à égalité avec l'aménagement des bâtiments et la mécanisation (26,5%). Viennent ensuite le recours à une entreprise de travaux agricoles (14%) et l'emploi de salariés (12%).
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(1) Cnasea: «L'embauche d'un salarié permanent», juillet 2008.
(2) Cnasea: «Temps de travail, un frein à l'installation».