«Nous avons construit un bâtiment simple et économe», se réjouissent les associés du Gaec Depoilly, à Friaucourt, dans la Somme. L'investissement s'élève à environ 3.000 euros par vache logée, sachant que les quatre associés se sont chargés de la maçonnerie et d'une bonne partie de l'aménagement intérieur. L'arrivée des deux fils, Etienne et Julien, sur l'exploitation aux côtés de leurs parents, Eric et Maryline, a vu l'effectif doubler depuis le début des années 2000. Quatre-vingt-cinq prim'holsteins produisent maintenant 680.000 litres de lait de quota, ce qui a nécessité d'adapter le logement.
«Il était moins coûteux de construire, indique Eric. Proportionnellement, l'agrandissement de l'ancien bâtiment était moins intéressant.» Le principe de l'aire paillée a été conservé. Un muret de 20 cm de hauteur la sépare du couloir de raclage. Au-dessus, de simples câbles empêchent le passage des animaux. «Pour l'instant, nous n'avons installé qu'un passage vers l'aire paillée du côté de l'aire d'attente, explique Maryline. Ce n'est pas suffisant car les vaches ont du mal à enjamber le racleur quand il est en marche. Il faudrait qu'elles puissent trouver une entrée à chaque extrémité.»
Pas de cornadis
Les séparations sont sommaires. «Mais tout de même efficaces!», insiste Julien. Des barres au garrot devant la table d'alimentation plutôt que des cornadis ont réduit les coûts. «Et il n'est pas utile de bloquer les vaches en raison du passage en ration complète», ajoute-t-il. De ce fait, l'ambiance dans le bâtiment est plus silencieuse. «De toute façon, le cornadis ne peut pas être considéré comme un outil de contention», signale Dominique Manneville, technicien au contrôle laitier de la Somme (ELC3).
Il reste que cet aménagement est gourmand en paille: 10 kg par vache et par jour. Les associés se sont réservés la souplesse de le faire évoluer. «Trois rangées de logettes peuvent prendre place dans l'aire paillée, indique Julien. Mais ce n'est pas à l'ordre du jour.» D'autant que les résultats techniques enregistrés sont satisfaisants. Les vaches sont propres. «L'hygiène est respectée et les nouvelles conditions de traite sont agréables», souligne Maryline. Les performances sont à la hauteur de celles réalisées dans l'ancien bâtiment. Le Gaec remporte depuis de nombreuses années un prix décerné par la laiterie. Il récompense les élevages adhérant à la charte des bonnes pratiques d'élevage qui enregistrent moins de 30.000 germes, moins de 200.000 cellules et moins de 1.000 butyriques par millilitre de lait en moyenne dans l'année.
Du côté de la ventilation, le pan sud-est est ouvert alors que le plus exposé aux vents est bardé en bois. «La proximité de la mer apporte quelques rafales qui mériteraient l'installation d'un filet brise-vent», conclut Dominique Manneville. En ce qui concerne la traite, les associés ont prévu large, avec une capacité d'accueil de 100 vaches et une salle de traite deux fois dix postes en épi à 50°. De plus, deux travées supplémentaires sont facilement aménageables dans le prolongement actuel.
Expert: DOMINIQUE MANNEVILLE, technicien à ELC3 «L'autoconstruction est un moyen de réduire les coûts»Nous avons évalué la main-d'oeuvre des associés à 24.000 € à partir d'un barème établi selon le prix des matériaux mis en oeuvre. Pour les bardages et tout ce qui concerne le bâtiment lui-même, le coût de la main-d'oeuvre à ajouter représente 30% du montant des investissements. Pour la maçonnerie et l'aménagement intérieur, le travail réalisé est estimé à 50% des frais engagés. Les économies autorisées par l'autoconstruction sont conséquentes, mais les quatre associés ont travaillé d'arrache-pied pendant une année. Cela permet aussi de modifier les plans en cours de route si besoin est. Les membres du Gaec ont, par exemple, pris la décision d'installer une salle de traite de 2 × 10 postes à la place d'une 2 × 8 initialement prévue car l'espace l'autorisait. Tout l'équipement environnant était aussi suffisamment dimensionné. |