Plusieurs mesures réglementaires restreignent, voire interdisent, l'emploi de l'isoproturon . Cet herbicide racinaire du blé et de l'orge, de la famille des urées substituées, rend pourtant des services dans la lutte contre les vulpins résistants
- aux fop et dim,
- la vulpie,
- le pâturin
- et certaines dicots comme la matricaire.
Si l'interdiction d'application durant la période de reproduction des oiseaux et mammifères ne pose guère de problème, compte tenu de son emploi essentiellement automnal, les choses se compliquent quant aux restrictions concernant les sols drainés. «Pour ne pas se tromper de produit phyto, il faut se renseigner auprès du distributeur, car le nombre de spécialités évolue de jour en jour», conseille Ludovic Bonin, ingénieur à Arvalis.
L'objet de la réglementation étant la préservation de la ressource en eau, il serait peu judicieux de substituer les produits interdits par d'autres à base d'isoproturon, encore autorisés. Dans les sols drainés, il est donc préférable de se tourner vers des programmes alternatifs ou d'utiliser des leviers agronomiques pour contenir les adventices (voir l'encadré). En sols non drainés, il est possible de jouer sur la date d'application du produit pour minimiser les transferts de matière active vers les eaux souterraines.
Penser au chlortoluron
Dans les parcelles infestées, les programmes à deux interventions, l'une à l'automne puis un rattrapage au printemps, sont incontournables. Bien qu'il soit plus efficace sur ray-grass, le chlortoluron peut parfaitement être utilisé sur vulpin dans un blé tolérant. Son action est renforcée en terrain humide sur des adventices au stade «jeune» (1-2 feuilles). La concurrence en partie levée permet d'attendre le second traitement vers le stade de la fin du tallage.
En l'absence de vulpins résistants, ce second traitement peut faire appel à un foliaire de type Célio 0,3 l + 1 l d'huile. Sur des populations résistantes, une sulfonylurée comme Atlantis WG 0,2 kg + 1 l d'huile est indispensable.
Face à des infestations modérées, un herbicide de type Alister, qui combine les sulfonylurées d'Atlantis WG et d'Archipel et le diflufénicanil efficace sur dicots, est parfaitement utilisable durant l'automne, entre 0,7 et 0,8 l/ha + 1 l d'huile sur vulpins. En revanche, la réglementation interdit tout rattrapage à base de sulfos au printemps.
Des essais conduits par Arvalis, à La Jaillière, dans la Loire-Atlantique, montrent que l'emploi de l'isoproturon demeure possible sans pénaliser la ressource en eau, en prenant certaines précautions. Il apparaît que les transferts de produits sont minimes tant que les traitements sont effectués avant saturation de la réserve utile (RU). En limon hydromorphe, avec une RU de 120 mm, les flux sont divisés par six si l'application est réalisée trois semaines avant le début du drainage.
Dans des argilocalcaires non drainés, avec des RU plus faibles, de l'ordre de 80 mm, qui sont saturées dès le 15 novembre, cela conduit à avancer le traitement vers les premiers jours du mois de novembre, voire à appliquer l'isoproturon en prélevée.
Penser à l'agronomieRetarder la date de semis constitue un des leviers agronomiques essentiels pour limiter la pression des adventices, avec la rotation et le déchaumage à l'interculture. Plusieurs essais d'Arvalis ont montré que si l'on retarde la date de semis de vingt jours, la population de vulpins est réduite de 70%. En contrepartie, la perte de rendement moyenne, due à la réduction du cycle du blé, est de 3 à 5 q/ha, et de 10 q pour un retard d'un mois. L'effet retard agit aussi sur les dicots comme le gaillet, les géraniums, les pensées… |
ChlortoluronInsensible aux différents herbicides foliaires, la vulpie est détruite par les urées substituées. Contre cette adventice, le chlortoluron (1.800 g/ha) appliqué en prélevée ou en postlevée précoce donne de bons résultats. |