«La FCO réduit à néant dix ans de travail, déclare Christian de Lageneste, éleveur d'ovins à Genetinnes, dans l'Allier. Cet hiver, 70 brebis sont mortes sur mes 1.500 île-de-France. Depuis la fin de juin, c'est la catastrophe. J'ai déjà perdu 67 brebis et 15 agneaux et, chaque jour, les pertes s'alourdissent. Un tiers des mères et la moitié de mes béliers sont atteints. La vaccination a été trop tardive. Les doses sont arrivées le 25 juin à la direction départementale des services vétérinaires (DDSV). J'ai commencé à vacciner mon cheptel reproducteur le 9 juillet. Et je n'ai pas de doses pour mes agneaux.»

Face à la rapidité de la progression de la FCO (voir la carte ci-dessous), les pouvoirs publics sont impuissants. Les éleveurs regrettent le manque de réactivité de certains vétérinaires. Mais le ministère a annoncé la livraison, cette semaine, de 2,42 millions de vaccins pour les petits ruminants. Près de 720.000 doses complémentaires destinées aux agneaux seront débloquées. Pour les bovins, un incident de production retarde d'un mois les livraisons, qui s'échelonneront de la fin de juillet à la mi-septembre.

Surmortalités

La maladie continue de sévir. Les pertes sont difficiles à chiffrer, mais bien réelles. «Le centre d'équarrissage, qui traitait 600 ovins et caprins par semaine, a reçu 2.620 carcasses la semaine du 14 au 20 juillet, constate Gérard Etien, vice-président du Syndicat des éleveurs de mou- tons de l'Allier (Sema). La mortalité des agneaux plombera le revenu des éleveurs dès cette année. S'y ajouteront les problèmes de stérilité des béliers. La maladie mettra à mal le potentiel de reproduction.» Face à ces inquiétudes, les moutonniers ont manifesté mardi devant la préfecture de l'Allier. Cette maladie survient alors que la filière ovine traverse une grave crise économique. Les éleveurs n'ont plus de trésorerie. «Nous avons d'urgence besoin d'indemnisations des pertes et de mesures économiques, déclare Gérard Etien. Les organismes sociaux et les banques seront aussi sollicités pour un allègement des charges.»

 

 

 

Des avances sur les primes animales

En raison des difficultés liées à la FCO, Bruxelles a autorisé la France à verser des avances aux primes animales dès le 16 octobre 2008, pour les dossiers dont la période de détention est terminée. Ces avances s'élèvent à hauteur de:

- 80% pour la part communautaire de la PMTVA;

- 80% pour la prime à l'abattage concernant les gros bovins et celle concernant les veaux;

- 50% pour la prime à la brebis et la prime supplémentaire.

Par ailleurs, les indemnisations des pertes liées à la FCO sont en renégociation pour relever le montant de l'aide de base ou ajouter une aide complémentaire.