L'année 2004 était la première campagne où l'atrazine ne faisait plus partie de la panoplie des herbicides maïs disponibles. La flore a déjà évolué, avec l'émergence de dicotylédones jusqu'alors peu présentes dans la culture (renouée liseron et renouée des oiseaux en maïs assolés et mercuriales annuelles en monoculture du Sud-Ouest). D'autre part, on a assisté à l'apparition d'adventices si bien combattues auparavant par l'atrazine qu'on les avait presque oubliées, comme la lampourde, l'abutilon, la linaire ou l'arroche. Par ailleurs, les densités des graminées estivales (sétaires, digitaires, panics, pâturin…), et des dicots classiques dans une moindre mesure, semblent augmenter.
Stratégie «pré + post» la plus souple
Bien connaître ces mauvaises herbes et leur stade est désormais indispensable pour déterminer les stratégies de traitement à mettre en oeuvre. La double intervention «pré + postlevée», solution la plus sûre dans le contexte sans atrazine, est bien adaptée aux situations de flore mixte, à forte pression en graminées estivales et en présence de dicotylédones émergentes. Le passage en prélevée avec un produit racinaire à spectre antigraminées et antidicots (Dual Gold, Isard, Harness, Lasso, Frontière…) doit être réalisé en sol pas trop motteux et humide. Scénario idéal: une pluie de 15 à 20 mm dans les huit à dix jours qui suivent l'application. La dose de l'antigraminées dépend du taux de matière organique dans le sol. Le deuxième passage avec un antidicots ou un mélange antigraminées/antidicots est effectué au stade 5-6 feuilles du maïs. Le temps doit être poussant avec une bonne hygrométrie (plus de 60%) et la température suffisante (de 12 à 23°C). Le mieux est d'intervenir sur des mauvaises herbes jeunes.
«Tout en post» plus technique
Plutôt destinée à combattre une flore dominante en dicotylédones classiques associée à de nouvelles adventices, la stratégie du «tout en postlévée» demande, elle, une bonne technicité et une faible pression de graminées. Deux passages sont généralement réalisés (surtout en présence de vivaces) avec un mélange à spectre large: vers 3-4 feuilles du maïs sur mauvaises herbes très jeunes, puis dix à quinze jours plus tard pour le second passage en fonction des relevées des adventices. Mieux vaut intervenir sur mauvaises herbes très jeunes, par temps poussant (hygrométrie à plus de 30%, température entre 10 et 25°C). Un passage unique peut être suffisant avec une levée groupée des mauvaises herbes, dans les semis tardifs ou les parcelles où le salissement est modéré et sans renouées des oiseaux. Il est conseillé de ne pas multiplier les passages pour ne pas augmenter le risque d'apparition de populations de graminées résistantes aux sulfonylurées, encore plus important en monoculture.
En flore classique, la prélevée seule est possibleEn cas de flore classique peu diversifiée (chénopode, morelle, amarante), la stratégie de prélevée seule peut encore se justifier, 24 à 48 heures après le semis, dans des sols fins et frais. Les parcelles de maïs à installation rapide ou semées tardivement sont à privilégier. |