Le maïs, semé avec une interligne large, rend possibles les interventions mécaniques pour le désherbage. Toutefois, le développement des stratégies mixtes ou «tout-mécanique» reste encore limité, car ces techniques gourmandes en temps et en énergie sont souvent moins souples d'utilisation et moins fiables que le désherbage chimique. Elles demandent notamment un réglage adapté du matériel au type de sol et au stade de la culture et une attention particulière aux endroits de recoupement de traitement. «Dans les milieux sensibles au regard de la qualité de l'eau, elles peuvent être les plus pertinentes», estime toutefois Arvalis. L'institut technique a synthétisé des résultats d'essais menés depuis dix ans pour évaluer l'intérêt des stratégies mixtes ou mécaniques par rapport aux traitements conventionnels (voir le tableau ci-dessous). Cette comparaison montre que les passages strictement mécaniques sont les plus difficiles à mettre en oeuvre, avec une efficacité insuffisante sur graminées et vivaces. Mieux vaut donc les réserver à une flore de dicotylédones annuelles dominantes. De plus, les relevées successives engendrées par chaque intervention mécanique imposent souvent un plus grand nombre de passages. Le coût de ces stratégies reste toutefois modéré et leur IFT (indice de fréquence de traitement) nul. Avec un IFT supérieur, les stratégies conventionnelles présentent aussi certaines contraintes en présence de flore mixte. Dans ce cas deux passages sont nécessaires.
Technicité requise
Les stratégies mixtes, associant désherbage chimique et passage d'outil, sont moins exigeantes que le tout-mécanique. Leur IFT est plus faible que le désherbage conventionnel, mais les performances techniques sont plus aléatoires. Le plus fiable et le moins contraignant consiste à introduire un binage, dissocié de l'application chimique.
«Le problème est de ne pas pouvoir biner au bon stade à cause des pluies», alerte Jean Molines, d'Arvalis en Rhône-Alpes. Il faut aussi prendre en compte le fait que de nombreuses adventices peuvent lever jusqu'à la fermeture de l'interrang (10-12 feuilles d'un maïs non stressé), d'autant plus si un passage mécanique intervient dans cette période. Plus il interviendra tôt et plus cela laissera le temps pour des levées ultérieures. Une intervention mécanique précoce (herse-étrille et houe rotative, sur maïs jeune) joue aussi négativement sur la sélectivité, puisque rang et interrang sont soumis au passage de l'outil. «Les stratégies mixtes demandent de la technicité, il faut avoir les conditions météorologiques et de sol avec soi, estime Jean-Baptiste Thibord, d'Arvalis Sud-Ouest. Elles sont plus adaptées aux sols légers qui s'assèchent plus vite après une pluie que sur les sols lourds et moins portants. Les sols à cailloux ou en pente sont également à proscrire.»
Les vivaces résistentLa répétition des interventions mécaniques favorise la multiplication végétative des vivaces. La gestion de ces adventices nécessite une ou plusieurs interventions spécifiques qui doivent se raisonner au niveau des successions culturales. |