«J'ai beaucoup réfléchi aux coûts de fonctionnement de ma stabulation avant de la construire, insiste Jean-Luc Niveau, à la tête de cent quarante limousines et charolaises, avec son épouse et sa soeur, à Pionnat, dans la Creuse. Je voulais réduire mes achats de paille, dont le montant est très dépendant de celui du pétrole qui sert à la transporter depuis les zones céréalières. Au bout du compte, j'ai suivi les conseils de Gérard Pardonnet et Pierre Lépée, de la chambre d'agriculture, en optant pour un bâtiment avec racleur.»
Evacuer un maximum de déjections
Sur le plan technique, la marche située derrière les cornadis, sur laquelle repose le racleur, est plus large que dans les bâtiments traditionnels avec aire paillée. Elle mesure 3,20 mètres (contre 1,80 à 2 mètres). «Le but est d'évacuer le maximum de déjections vers la fumière afin qu'elles ne viennent pas souiller l'aire de vie, explique Gérard Pardonnet. 70% des fèces étant générés pendant que les animaux mangent ou boivent, le racleur en élimine donc un maximum.» Et il n'est plus indispensable de curer le bâtiment pendant l'hiver non plus.
Sur le plan pratique, le racleur fonctionne en dehors des heures d'alimentation. Sa vitesse d'avancement est de 45 minutes pour 100 mètres. «J'ai juste besoin d'appuyer sur un bouton pour le mettre en route, ajoute Jean-Luc. Par rapport à un tracteur avec un rabot, ce système est souple d'utilisation», ajoute Jean-Luc (lire encadré ci-dessous).
Inquiétude sur le prix de la paille
Après un hiver de fonctionnement, le bilan est positif puisque la consommation de paille s'élève à 5 kg par vache et par jour, soit la moitié moins que dans une stabulation classique avec aire paillée. Et à 6 centimes d'euro le kilogramme, cela représente une économie conséquente pour Jean-Luc Niveau, qui loge cent huit vaches dans son bâtiment. Soit 4.536 euros qui financent facilement le surcoût du bâtiment avec racleur (lire l'encadré ci-dessous). «Les animaux se sont bien habitués au logement par lot de vingt-huit alors qu'ils hivernaient dans une étable entravée. Et ils sont toujours propres.»
Raclage avec tracteur: des barrières en plus«Le raclage avec un tracteur n'aurait été intéressant ni en temps ni financièrement», explique Gérard Pardonnet, de la chambre d'agriculture de la Creuse. Cinquante raclages de 30 minutes, cela engendre de 25 à 30 heures de travail au cours de l'hiver. Et cela aurait perturbé l'organisation et la circulation des animaux puisqu'il aurait fallu installer des barrières pour bloquer les vaches sur l'aire paillée.» |
1.389 euros en faveur du racleur«5 kg de paille en moins par vache et par jour pendant 140 jours d'hivernage, c'est une économie de 700 kg, détaille Gérard Pardonnet. A 0,06 euro, cela représente 42 euros par vache. Pour ses 108 vaches, Jean-Luc Niveau économise donc 4.536 euros sur sa facture de paille. En contrepartie, le choix du racleur a généré des frais supplémentaires: 100 m² de béton pour la marche à 30 €/m², un racleur à 11.250 euros et une fumière couverte de 26.000 euros. Pour faire face à ce surcoût, en intégrant les écarts de subventions, Jean-Luc a emprunté 31.330 euros de plus que pour un bâtiment avec aire paillée conventionnelle. Ce qui occasionne des annuités supplémentaires de remboursement de 3.147 euros.» |