«Nos haies plantées voilà une dizaine d'années sont une première étape. A la vue des résultats, nous souhaitons aller plus loin et renouveler l'opération», déclare Jacques Charlot. Ce céréalier, installé à Murs, dans le Boischaut nord de l'Indre, exploite 315 hectares de cultures de vente sur deux fermes voisines. L'assolement très diversifié est entièrement conduit en techniques culturales simplifiées avec couverts systématiques en interculture.
«Les anciennes haies ont disparu avec la mort des ormes dans les années quatre-vingt, explique Jacques Charlot. Du coup, les talus ont été arasés et les chemins communaux se sont retrouvés dénudés. Quinze ans plus tard, nous avons effectué de nouvelles plantations avec le concours de la chambre d'agriculture de l'Indre, qui a réalisé l'étude technique, et du conseil général, qui a subventionné les plants.»
Sur les faces nord et est des parcelles
Les arbustes sont, en grande majorité, des essences locales de feuillus : érable, charme, chêne, mahonia, aubépine, sorbier des oiseaux, etc. L'orme a fait son retour grâce à des plants résistants à la graphiose et quelques pins parsèment les linéaires. Dans un premier temps, l'exploitant a choisi de replanter à proximité des bâtiments d'exploitation afin de faciliter le suivi. La taille réalisée manuellement les premiers hivers est désormais assurée par un lamier, grâce à un financement partiel dans le cadre d'un CTE.
«Avec le recul, nous mesurons maintenant tous les aspects positifs des haies, se réjouit Jacques Charlot. Nous avons restauré le paysage et rompu la monotonie, ce qui est agréable pour nous mais aussi pour les visiteurs de la commune. Ceci permet de positiver notre image auprès d'un public parfois suspicieux quant à nos pratiques. Les haies protègent également du vent et nous n'avons constaté aucun impact négatif, que ce soit en perte de rendement ou en attaque de limaces par exemple. Et le petit gibier y trouve abri et nourriture. Enfin, je suis persuadé que l'écosystème recréé bénéficie à nos cultures.»
Placées au bord des routes ou en limite de propriété avec un voisin, les haies forment une barrière naturelle et limitent la dérive de produits phytosanitaires ainsi que la projection des granulés d'engrais en dehors de la parcelle. Elles freinent aussi l'érosion des terrains fragiles même si les terrains de Jacques Charlot sont peu pentus. Dans quelques années, elles fourniront du bois de chauffage.
«Notre objectif est de planter à nouveau entre 3 et 5 km de haies en privilégiant les faces nord et est des parcelles d'une vingtaine d'hectares pour ne pas nuire à l'ensoleillement. Le rythme dépendra du niveau d'aides attribuées par les organismes compétents car j'estime qu'en agissant de la sorte, nous rendons service à l'ensemble de nos concitoyens. Dans ces conditions, il est normal que nous soyons dédommagés pour partie de nos efforts.»
Retrouver une biodiversitéDes céréales moins attaqués par les maladies : c'est ce qu'a remarqué Jacques Charlot sur les échantillons apportés par ses collègues éleveurs qui ont conservé des haies, lors des réunions du groupe de développement. « Dans ce domaine, il faudrait aller beaucoup plus loin et restaurer la biodiversité. C'est pourquoi, en plus des couverts à l'interculture, j'envisage d'implanter des bandes enherbées de 6-8 mètres de largeur tous les 150 mètres de façon à faire revenir les auxiliaires en grande quantité et à diminuer du même coup les traitements. Les haies de bordure complètent le dispositif.» |
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Pac: une seule ligne
En plantant ses arbres sur une seule ligne et en assurant un entretien régulier, Jacques Charlot maintient la largeur de ses haies en dessous de 3 mètres. Elles demeurent ainsi incluses dans le dispositif de la Pac.