Chaque année, Maurice et Claude Tola, installés à Saint-Paul-de-Vézelin (Loire), tarissent deux ou trois de leurs 35 prim'holsteins sans traitement antibiotique. Bien qu'ils déclarent n'avoir aucune appréhension à ne pas utiliser d'antibiotique, ils limitent quand même cette pratique à quelques élues. La sélection est sévère: «Seules les vaches à moins de 250.000 cellules au dernier contrôle avant le tarissement et qui n'ont fait aucune flambée au cours de la lactation sont concernées, explique Maurice. Nous n'avons pas plus de problèmes sur ces vaches que sur les autres, mais il suffit qu'une sur trois déclare une mammite pour que les économies réalisées lors du tarissement soient perdues.
Nous prenons une précaution supplémentaire: au tarissement, nous faisons un trempage des trayons sur toutes les laitières, sous antibiotique ou non, avec du Dry Flex.»
Film de protection
Ce produit est un obturateur externe, proposé par DeLaval. Il forme un film sur le trayon, assurant une protection pendant une semaine. Puis il pèle progressivement. Au-delà, les canaux de la mamelle sont généralement rebouchés. «Nous en avons aussi appliqué à quelques reprises en fin de tarissement, sur des vaches qui perdaient leur lait avant le vêlage.» Daniel Tainturier, professeur à l'école vétérinaire de Nantes, confirme l'intérêt de protéger le trayon dans les dix jours qui précèdent le vêlage, car «certaines vaches déclarent des mammites, en particulier colibacillaires, à la reprise de la lactation». Ce produit est très simple à utiliser, mais il faut compter 76,40 euros pour 0,95 litre, à raison d'un litre pour une cinquantaine de vaches.
«Nous avons aussi essayé l'Orbeseal il y a deux ans sur toutes les vaches saines, mais nous ne l'utilisons plus. Nous avons rencontré des difficultés pour l'éliminer. Après le retrait du bouchon, il restait des résidus pendant trois ou quatre traites, qui bouchaient le Dal.» Chez Pfizer, on signale que ces résidus sont inertes, donc sans danger pour les veaux. Le coût élevé chiffonne aussi les éleveurs: «Il est presque aussi cher qu'un traitement classique. Dommage que le tarif soit dissuasif, alors qu'on essaie de diminuer l'utilisation d'antibiotiques.»
Sur quelles vaches?Le tarissement sans antibiotiques exige un tri sévère des vaches. Seules les laitières saines au niveau cellulaire peuvent y prétendre. Elles doivent en particulier: - avoir moins de 200.000 cellules sur les trois derniers contrôles; - ne pas avoir déclaré de mammite clinique au cours de la dernière lactation; - être exemptes de mammite subclinique au tarissement. |
Témoignage: FABRICE COTTE, vétérinaire dans la Loire «Le tarissement sélectif exige effort et rigueur» «Rares sont les éleveurs qui pratiquent le traitement sélectif. C'est tellement contraire aux messages qu'ils entendent depuis 40 ans qu'ils ont du mal à passer le cap… De plus, l'éleveur doit faire l'effort de trier soigneusement ses vaches et être d'une grande rigueur sur l'hygiène. Mais tarir sans aucune protection est dangereux car le trayon ne se referme pas toujours, certaines laitières ne fabriquant pas de bouchon de kératine. Il existe aujourd'hui deux produits qui offrent une protection physique contre la remontée des germes dans le canal. Le premier, le Dry Flex, constitue une barrière externe sur les huit à dix premiers jours du tarissement seulement. C'est mieux que rien, puisqu'il s'agit de la période qui présente les plus grands risques vis-à-vis des mammites. Il est très simple d'utilisation et sans aucune contre-indication sur un trayon sain. Etant donné qu'il présente un obstacle à la respiration de la peau, je le déconseille sur un trayon abîmé. Le second, l'Orbeseal, protège sur toute la durée du tarissement. Ses contraintes sont celles d'un tarissement sélectif. Il ne s'applique que sur des vaches saines. Et la propreté du trayon lors de l'injection du produit est fondamentale. L'hygiène du logement aussi, d'ailleurs. Plusieurs utilisateurs m'ont signalé un problème de résidus au retrait. Le prix bloque également: il est seulement 10% moins cher qu'un antibiotique.» |