1. Dissémination

La fièvre catarrhale ovine, ou maladie de la langue bleue, a fait son apparition cet été aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, prenant de court les vétérinaires. Jusqu'à présent, cette maladie virale ne dépassait pas le pourtour méditerranéen (Portugal, Espagne, Italie, Corse…), aire de vie de "Culicoide imicola", le moucheron vecteur du virus. Ce dernier se déplace sur de faibles distances, quelques centaines de mètres, mais sa dissémination par le vent peut atteindre plusieurs centaines de kilomètres. En France, l'insecte est présent en Corse et dans le Var. En revanche, le virus lui-même n'a été détecté que dans l'île. Dans le nord de l'Europe, le vecteur en cause n'est pas encore identifié, mais des piégeages ont été mis en place.

2. Dans les élevages

Compte tenu de l'expansion nouvelle de la maladie, «il est essentiel de renforcer la surveillance et de déclarer immédiatement à votre vétérinaire sanitaire toute suspicion (voir les symptômes dans l'encadré)», alerte la Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (FNGDS). La fièvre catarrhale concerne tous les ruminants (ovins, bovins, caprins), mais ne se transmet pas à l'homme. Alors que le virus touchait rarement les bovins, ils semblent cette fois-ci majoritairement concernés.

Les animaux ne se contaminent pas directement. C'est le moucheron qui transmet le virus par piqûre. Dans un troupeau bovin, le nombre d'animaux cliniquement atteints reste modéré, moins de 5%, et la mortalité est faible. Chez les ovins, en revanche, les pertes peuvent dépasser 30% du troupeau. En Corse, 12% du cheptel a été décimé lors de l'épidémie de 2000-2001.

3. Dispositifs de lutte

L'abattage ne concerne que les animaux cliniquement atteints. La vaccination n'est autorisée en France que sur les ovins, et elle ne les protège que contre une partie des souches virales existantes, mais elle est aussi utilisable sur les bovins et les caprins. Elle interdit la commercialisation des animaux vivants vers les pays indemnes pour une durée de deux ans. «La vaccination de l'ensemble du cheptel est néanmoins recommandée en cas de flambée épizootique soudaine, conseille Jean-François Gauthier, vétérinaire en Corse. Dans l'île, tous les moutons sont vaccinés. Au Portugal également.»

La désinsectisation, pour éliminer le moucheron vecteur, ne possède qu'une portée limitée et ne peut pas être utilisée à l'échelle d'un pays.

Le plan de lutte européen oblige à des mesures de restriction des mouvements d'animaux vivants, de semence et d'embryons. Trois zones sont mises en place: une zone de blocage (20 km de rayon) dans laquelle tout mouvement (entrée et sortie d'animaux) est interdit, une zone de protection (100 km) et une zone de surveillance (150 km).

Les animaux peuvent entrer dans ces deux dernières zones et y circuler, mais pas en sortir. Les produits d'abattoirs, les produits laitiers et la laine ne sont pas concernés. La viande reste consommable.

 

SYMPTÔMES

Les signes cliniques ne sont pas forcément tous présents.

Chez les ovins

Chez les bovins

- Fièvre (40°C et plus)

- Gonflements et/ou lésions à la tête: nez, bouche, langue

- Hypersalivation, écoulements des yeux, du nez

- Boiteries, raideurs

- Mortalité variable selon la souche virale

- Gonflements (oedème et congestion) et/ou lésions à la tête

- Ecoulements du nez et de la bouche

- Ulcérations sur la mamelle, trayons enflés

- Boiteries

- Taux de mortalité inférieur à 5%

 

Source: FNGDS

 

Vigilance accrue dans le nord de la France

Tout ou partie des sept départements limitrophes des pays touchés (Aisne, Ardenne, Marne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Moselle, Nord) figurent dans la zone de protection ou de surveillance. Les ruminants ne doivent pas sortir de ces zones. Les éleveurs sont appelés à une vigilance accrue. Une soixantaine d'élevages, ainsi que les ruminants importés à partir du 1er juin depuis les zones touchées, subiront des analyses sérologiques. Des piégeages d'insectes se mettent en place. La vaccination n'est pas à l'ordre du jour dans le pays.