Avec 30.000 hectares, le colza reste une culture marginale dans le sud de la France (Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Paca et Rhône-Alpes). Toutefois, il pourrait voir ses surfaces augmenter compte tenu des rendements en progression constante et des débouchés en pleine croissance. Sa culture permet de valoriser les sols peu et moyennement profonds, argilocalcaires de coteaux et boulbènes.
«L'implantation d'un colza allonge la rotation, ce qui limite l'apparition de maladies en tournesol et blé dur», assure Frédéric Rozis, de la chambre d'agriculture de l'Aude. Le Cetiom estime aussi qu'en monoculture de blé dur un colza en tête d'assolement permet des gains de rendement de 40% sur la céréale qui suit. Les blés durs en rotation avec du colza seraient moins attaqués par les larves de zabre et le piétin échaudage serait réduit. L'introduction du colza limite par ailleurs l'apparition des flores estivales difficiles à détruire dans le tournesol (xanthium, datura, ambroisie).
La réussite de la culture du colza dans le Sud nécessite toutefois une bonne maîtrise de l'implantation, qui s'effectue souvent en conditions particulièrement sèches.
Objectif : régularité à la levée
«La préparation des terres doit être soignée et réalisée le plus tôt possible après la récolte du précédent en profitant des orages de l'été», souligne Vincent Lecomte, du Cetiom à Baziège (Haute-Garonne). Un déchaumage en un ou deux passages favorise la dégradation des résidus de paille, la levée des mauvaises herbes et permet de conserver une humidité résiduelle pendant l'été. Puis après un travail du sol sur 15-20 cm avec un outil à dents, le lit de semences doit être affiné sur moins de 10 cm.
Si l'intervention a lieu après le 15 août, on peut incorporer l'herbicide de présemis. En cas de rappuyage insuffisant, un roulage est préconisé. «Le labour n'est pas conseillé en argilocalcaires car il permet rarement d'obtenir un lit de semences suffisamment affiné pour que la graine de colza germe dès la première pluie», prévient Vincent Lecomte.
La période optimale de semis s'étale du 25 août au 20 septembre, voire le 30 septembre dans les terres les plus chaudes. Mieux vaut choisir des hybrides restaurés ou des composites hybrides lignées, variétés les plus productives dans le Sud. Le semis est réalisé entre 1 et 2 cm de profondeur, à 1,5-2 kg/ha pour un semoir monograine.
L'oïdium le plus nuisible
Si le phoma reste peu présent, hormis dans les sols profonds du Gers et de l'Aquitaine, la vigilance est de mise contre l'oïdium, maladie la plus préjudiciable dans le Sud. Une fois les premières taches étoilées observées sur feuilles ou tiges, le traitement (Punch CS, Sunorg pro, Caramba star) peut intervenir huit à dix jours après le début de la floraison.
Du côté des ravageurs, les limaces et les altises sont à surveiller à l'automne. Le charançon du bourgeon terminal est de plus en plus fréquent au nord de la région Rhône-Alpes. Au printemps, les charançons de la tige et les pucerons cendrés peuvent également causer des dégâts importants.
Témoignage: ANDRÉ MARTELLOZZO, agriculteur à Gaja-la-Selve (Aude) « Le colza passe mieux que le tournesol » «Je me suis remis au colza il y a cinq ans dans le cadre d'un CTE. Avant 1992, on en faisait déjà un peu mais ça se dégrainait beaucoup avec le vent. Aujourd'hui, les variétés sont plus adaptées et j'en cultive une trentaine d'hectares, dont une dizaine en jachère industrielle. Sur mes sols argilocalcaires, le colza sort mieux que le tournesol, qui ne dépasse pas les 20 q/ha depuis trois ans avec la sécheresse. En colza, j'atteins régulièrement les 30 q/ha. De plus, c'est un bon précédent pour le blé dur. Cependant, il demande beaucoup de surveillance si on veut réduire les coûts et la préparation du sol en août doit être impeccable. Je fais deux passages de disques suivis par un travail profond avec un outil à dents Michel.» |
Désherbage: un seul passage au semis peut suffireUn programme à base de trifluraline (2,5 l/ha) + napropamide (1,5-2 l/ha) incorporé au semis suffit la plupart du temps. En cas de forte pression de géraniums, ou de sanves et ravenelles (crucifères les plus présentes dans le Sud-Ouest et la région Rhône-Alpes), un herbicide de prélevée (Colzor trio à 3-3,5 l/ha) complétera la trifluraline. Cette solution est aussi envisageable en présence de diplotaxis fausse roquette, adventice fréquente dans la zone méditerranéenne. |