Certaines crucifères riches en glucosinolates pourraient être implantées en interculture dans les rotations de betteraves pour lutter contre les champignons du sol et en particulier contre les rhizoctones de la betterave et Aphanomyces. C'est le cas de certains radis ou de certaines moutardes, en particulier de la moutarde brune (Brassica juncea) utilisée pour fabriquer la moutarde de Dijon. «Les fleurs de ces moutardes sont riches en glucosinolate, un composé qui, lorsqu'il se dégrade, se transforme en isothiocyanate, un puissant fongicide, explique Marc Richard-Molard, directeur de l'ITB. Ce phénomène est connu dans la littérature mais n'avait pas fait l'objet de recherches en betterave jusqu'à présent.»
Broyer finement la moutarde
Les essais au laboratoire sont très concluants. L'ITB (Institut technique de la betterave), en liaison avec l'Inra et la société Alpha semences, ont mis en place cet été une première expérimentation dans quatre régions, en Alsace, Auvergne, Bourgogne et Champagne-Ardenne. Objectif: vérifier l'efficacité au champ de cette nouvelle protection fongicide et d'évaluer sa faisabilité agronomique. «Pour que l'effet fongicide fonctionne bien, précise le directeur de l'ITB, la moutarde doit être broyée finement au stade de la pleine floraison et incorporée dans les premiers centimètres du sol.»
Des mélanges de graines à l'essaiSi la moutarde brune présente un effet fongicide intéressant, elle a en revanche le défaut, comme la plupart des crucifères, de faire proliférer les nématodes. «Pour maîtriser les rhizoctones sans favoriser les nématodes, indique Marc Richard-Molard, directeur de l'ITB, nous allons mettre en place dans nos expérimentations des parcelles avec un mélange de semences de moutardes de Dijon et de radis ou moutardes antinématodes.» |