L'enregistrement de toute apparition d'organismes nuisibles, ou de maladies susceptibles d'affecter la sûreté des produits d'origine végétale et ayant une incidence sur la santé humaine, est obligatoire dans le cadre du réglement européen "Paquet hygiène" entré en vigueur au 1er janvier 2006. Les champignons du genre des fusariums ou fusaria sont donc concernés, d'autant plus qu'ils sont susceptibles d'entraîner l'apparition de mycotoxines au champ de type déoxynivalénol (Don) et zéaralénone dans le cas du blé, pour lesquelles des seuils maximaux à ne pas dépasser ont été établis (1.250 ppb de Don pour le blé tendre, 1.750 ppb pour le blé dur, en alimentation humaine).
Epidémiologie différente
Sur épis, une dizaine de fusariums entraînent des dégâts de fusariose, mais les attaques les plus fréquentes sont dues à "Fusarium graminearum" et "Fusarium culmorum". Les symptômes associés à ces deux champignons se ressemblent fortement: glumes désséchées avec des taches ovales claires bordées de brun foncé, épillets échaudés (avec parfois un épi entier blanc), grains maigres présentant une coloration blanche ou rose.
"F. graminearum" et "F. culmorum" sont des champignons très proches l'un de l'autre génétiquement, mais ils possèdent une épidémiologie différente. "Le premier est dominant et responsable de 60 à 80% des fusarioses sur épis, car il peut être disséminé par voie aérienne en présence d'humidité, contrairement à son cousin qui demande obligatoirement un vent fort et des rejaillissements de gouttes de pluie, explique Daniel Caron, phytopathologiste à Arvalis. Toutefois, dans les deux cas, le "juge de paix" est le climat à la floraison." A ce stade, une forte humidité et une température supérieure à 20°C, favorise le développement des champignons. D'autres facteurs, plus maîtrisables, entrent aussi en ligne de compte: les dates de semis tardives, les précédents maïs, les techniques de travail simplifiées laissant beaucoup de résidus à la surface accentuent les risques de propagation de la maladie. Les variétés de blé sont par ailleurs plus ou moins sensibles. En situation à risque, un traitement à à floraison avec un triazole (tébuconazole ou metconazole) peut limiter la gravité des attaques sur épis, mais l'efficacité n'est pas totale (de 50 à 60%).
Quand le risque est moindre, il est possible de mélanger le triazole avec une strobilurine à faible dose pour limiter son effet négatif sur la teneur en mycotoxines lorsqu'elle est employée seule. Cette dernière, inefficace sur fusaria , élimine "Microdochium nivale" pouvant être présent simultanément sur l'épi (voir l'encadré), ce qui peut laisser le champ libre aux fusaria potentiellement toxinogènes.
SYMPTÔMESSur feuilles et sur gaines"Microdochium nivale" peut être responsable de fusariose sur épis, mais aussi sur feuilles et gaines. Il se développe à des températures inférieures à 20°C et provoque sur les feuilles des taches brun clair et des lésions jaune paille sur les gaines. Particularité: il ne produit pas de mycotoxines. |
Traiter les deux faces de l'épiPour assurer une bonne protection contre la fusariose, l'épi doit être couvert de façon homogène. Ce que ne permet quasi pas une buse classique, à jet vertical. Une augmentation de la couverture de l'épi permettrait un meilleur contrôle de la maladie, car actuellement l'efficacité des traitements dépasse rarement 60%. Arvalis réalise depuis trois ans des essais au banc avec des systèmes doubles fentes et doubles buses à injection d'air. D'après les premiers résultats, ces systèmes montrent une meilleure couverture de la face arrière des épis. L'institut technique doit encore valider ces données par des essais de résidus sur épis et d'efficacité au champ. |