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«Les génisses ne pâturent jamais après les vaches»
En se convertissant à l'agriculture bio, Philippe Bonnelie a abandonné les strongylicides plus facilement grâce à ses grandes surfaces en herbe.
«Avec seulement deux traitements chimiques autorisés par animal et par an, il faut bien réfléchir aux interventions », explique Philippe Bonnelie. Installé à Saint-Privat (Corrèze), Philippe a choisi de supprimer les anti-parasitaires lorsqu'il s'est converti à l'agriculture biologique en 2002. Ses 107 ha tout en herbe pour ses 40 prim'holsteins et leur suite lui ont facilité la tâche. « Génisses et vaches ne pâturent pas les mêmes parcelles, détaille-t-il. Les génisses sortent à 15 mois sur 4 ha qui leur sont réservés. J'évite ainsi que ces surfaces soient contaminées par les adultes fortes excrétrices de strongles.»
Les femelles de deux ans sont conduites en pâturage tournant sur 20 ha. En automne, alors que la contamination des prairies est maximale, Philippe les laisse accéder à 20 ha de prairies de fauche saines. De leur côté, les laitières tournent sur 60 ha. Sur une telle surface, la pression parasitaire reste limitée. A son grand soulagement, Philippe n'a constaté aucune dégradation de l'état des animaux, ni de chute de production. « J'observe bien quelques diarrhées de temps en temps, mais rien qui nécessite un traitement. Quand il n'existe pas de problèmes majeurs, je préfère laisser l'organisme des vaches lutter un peu et acquérir son immunité.»
Douve et paramphistome: la prévention avant tout«Je ne traite plus mes limousines contre la douve depuis trois ans, se félicite Régis Geraud. J'ai assaini les parcelles à risque - des prairies humides, en fond de vallon ou en bord de ruisseau - en les drainant. Depuis, les sérologies sont toutes négatives, bien que les vaches pâturent de nouveau ces surfaces. J'ai donc arrêté l'emploi du douvicide, le triclabendazole par voie orale, à l'entrée à l'étable. En revanche, je poursuis les analyses de sang. Je ne recommencerai le traitement qu'en cas de sérologiques positives qui trahiraient une nouvelle infestation. » De son côté, Jean-Edouard Felgines a condamné l'accès des parcelles humides aux animaux. Elles sont désormais réservées à la fauche. Cette mesure s'est révélée efficace et s'est soldée par l'abandon du nitroxinil qu'il appliquait aux bovins qui lui semblaient atteints, au tarissement ou à la rentrée à l'étable. Il est cependant bon de vérifier régulièrement, par analyse de sang, si le troupeau est toujours indemne du parasite. Régis Geraud est également confronté au paramphistome depuis une dizaine d'années. «Contre ce parasite, l'assainissement de mes parcelles n'a pas suffit, constate-t-il. Les analyses coprologiques sont toujours positives.» Seulement, face au paramphistome, la pharmacie s'avère encore un peu vide... Seul l'oxyclozanide fonctionne, mais à une concentration non prévue par l'autorisation de mise sur le marché (AMM) de cette molécule. «Je traite tous les bovins de plus de 12 mois à leur rentrée à l'étable, début décembre par voie buccale, poursuit Régis. Cela me coûte 2,40 € par tête. J'arrêterai dès que la pression parasitaire diminuera, quitte à reprendre si les analyses indiquent de nouveau la présence du paramphistome.» |