Avec quatre-vingts vêlages entre février et mai pour une UTH, il faut que ça tourne ! Surtout en février et en mars, les mois qui comptent le plus de naissances. Vincent Pilon, installé près de Clermont-Créans, dans la Sarthe, consacre alors la majeure partie de son temps à la surveillance des mises bas. En dehors, bien sûr, de celui nécessaire à l'affouragement. « L'hiver venu, début novembre, je rassemble les trois lots de femelles pleines autour de notre maison, résume-t-il. L'un d'eux, constitué de vaches, est installé dans la parcelle en face de la cuisine, un autre, composé de génisses, est placé derrière la haie d'à côté, et le dernier, derrière notre habitation. Ainsi, je les ai toujours sous les yeux. » Les groupes de vaches comptent entre 30 et 40 charolaises.
La surveillance des vêlages débute dès le matin, entre 7 h 00 et 7 h 15. Puis vient le temps de distribuer le foin. Les roundballers sont déroulés à même le sol. « Ainsi, toutes les vaches peuvent manger en même temps, précise Vincent. Ce qui n'est pas le cas avec un râtelier. Elles gaspillent très peu car je les rationne autour de 10 kg chacune. Cela m'évite les naissances difficiles liées à une suralimentation. Les vaches perdent du poids en hiver, mais ce n'est pas grave. Elles se rattrapent au printemps, lors de la mise à l'herbe. » Le sol des parcelles retenues pour l'hivernage, constitué de graves, est très portant. Il absorbe toute l'eau qui tombe sans devenir boueux. Pour éviter le piétinement de l'herbe et mieux répartir les bouses, Vincent déplace le point d'affouragement tous les jours. La distribution du foin est une occasion supplémentaire de jeter un coup d'oeil aux animaux.
Une petite parcelle pour les vaches prêtes à vêler
Les animaux censés vêler sous quinze jours quittent leur lot pour rejoindre une parcelle d'à peine 2 ha à côté de la petite stabulation qu'il a construite et baptisée maternité. Cette dernière jouxte le couloir de contention. Ces vaches et génisses font l'objet d'une surveillance accrue, jour et nuit. « Je vais les voir entre 23 h 30 et minuit, puis vers 3 h 30, et enfin au petit matin, poursuit-il. Je maintiens ce rythme de surveillance de février à mai. » Le flux d'animaux sur cette parcelle est continu : les vaches vêlées la quittent, tandis que d'autres y arrivent. Une partie des vêlages s'y déroulent, ceux qui ne nécessitent pas d'intervention. Pour les autres et ceux qui se passent la nuit, il y a la maternité.
Cette dernière occupe trois travées d'un hangar de 20 m de long utilisé pour stocker du foin. Lorsque le fourrage est consommé, l'une des travées est divisée en deux cases individuelles, l'autre en une case collective qui peut accueillir trois à quatre adultes. C'est cette travée équipée de cornadis que Vincent utilise pour habituer les génisses pleines au bâtiment. « Je les rentre la nuit par roulement pour les accoutumer, détaille-t-il. Cela permet, si leur vêlage nécessite une intervention et donc un passage dans la maternité, que cela se passe le mieux possible. » Entre les deux travées est également aménagé un minicouloir de contention qui se termine par un cornadis. Il sert pour traire une vache qui refuse de laisser son veau approcher, ou pour apprendre au nouveau-né à téter. C'est aussi là qu'a lieu l'insémination des génisses. Enfin, Vincent peut aménager une autre case individuelle dans une troisième travée du bâtiment.
Le couloir de contention un passage obligé
Avant de rentrer dans la maternité, les vaches transitent par le couloir de contention. « Je bloque la future mère à l'arrière avec deux pieux en bois, souligne-t-il. Le temps de poser les cordelettes pour la vêleuse sur les pattes du veau, un licol, et de fouiller la vache. J'ai investi dans une vêleuse légère et maniable par une seule personne. » Vincent bénéficie de l'aide de son père pour les vêlages difficiles, et de son épouse Patricia, qui tient à disposition le petit matériel et l'eau. C'est aussi elle qui assure les soins aux veaux et aide ceux qui ont des difficultés à téter. Un crochet est fixé sur la charpente, au-dessus d'une des cases individuelles, afin de sortir les veaux lors des césariennes qui ont lieu couché. Les vaches séjournent très peu de temps dans la stabulation après la naissance : une demi-journée si tout va bien. Seules celles nécessitant une césarienne y restent deux jours en attendant la visite de contrôle du vétérinaire.
Une demi-journée après le vêlage, le veau et sa mère rejoignent un parc attenant à la maternité. Ils y séjourneront une quinzaine de jours. « C'est pendant ces deux premières semaines que les risques de pathologie sur les veaux sont les plus importants », insiste Vincent. Et, dans ce parc, ils sont juste à côté du couloir de contention, au cas où une intervention serait nécessaire. Ils disposent également d'abris fabriqués maison pour se protéger du vent.
Poser les boucles rapidement
Leur bouclage a lieu le plus rapidement possible, dans les premières heures de vie si possible. « J'attribue les numéros de boucles en fonction du sexe et de la date de naissance. Pour quatre-vingts vêlages, je disposerai en février prochain de quatre-vingts boucles numérotées de 2600 à 2680. La 2600 ira à la première femelle née, la 2601 à la seconde..., la 2680 au premier mâle, la 2679 au second... Ce système est très pratique pour identifier les animaux. Mais avec une soixantaine de naissances en février, il ne faut pas perdre de temps pour les boucler. »
Deux semaines après le vêlage, la vache et son veau sont prêts à rejoindre la parcelle rassemblant tous les couples mère-veau âgé de plus de 15 jours. Elle est à côté du stock de foin et de celui d'enrubannage. Car, après le vêlage, les vaches reçoivent de l'enrubannage en plus du foin. Au fur et à mesure que l'hiver avance, la taille des lots de vaches à vêler diminue. Lorsqu'elles ne sont plus qu'une dizaine par parcelle, Vincent les rassemble en un seul lot. Il libère ainsi, début avril, le champ situé devant la maison où il peut alors mettre les génisses à inséminer. Il les a ainsi sous les yeux pour détecter les chaleurs et appeler l'inséminateur. Le travail de surveillance ne s'arrête jamais !