Emilie Delbert Bertrand, marié à un éleveur et mère de famille, est cheffe des ventes du marché au cadran de Mauriac. Elle mène aussi la ferme paternelle à titre individuel.
S’il est un monde masculin en agriculture, c’est bien celui du commerce de bovins ! Cela n’a pas dissuadé Emilie Delbert Bertrand de postuler pour devenir cheffe des ventes du marché au cadran de Mauriac (1) dans le Cantal à sa création en 2014.
La jeune femme est « tombée dans le berceau de la race salers dès sa naissance » grâce à ses parents qui fabriquaient du fromage Salers Tradition dans un buron (2). Elle poursuit des études agricoles jusqu’à une licence « génétique et développement de l’élevage » en effectuant son stage au herd-book salers.
En 2009, elle est soigneuse à la station d’évaluation de la race, puis arpente durant trois ans le nord-est et le sud-ouest de la France pour pointer et inscrire les animaux salers au livre généalogique.
Un œil averti
C’est avec un œil averti et un tempérament affirmé qu’elle prend en charge les ventes du nouveau marché au cadran en 2014. Depuis 2008, à Badailhac, elle mène également la ferme paternelle de 17 ha et 15 vaches salers inscrites.
Quant à son mari, Jean-Matthieu Bertrand, il exploite 300 ha, dont 130 ha d’estive, avec 160 vaches salers et aubracs à Cros-de-Ronesque en Gaec avec sa mère. « Chacun a son élevage, ce qui n’exclut évidemment pas une aide réciproque, explique la maman de Pierre et Jean, âgés de 7 et 4 ans. Mon travail au cadran est très prenant durant quatre jours par semaine et j’apprécie l’aide et le soutien de Jean-Matthieu et de mes beaux-parents. »
Emilie Delbert Bertrand gère les ventes aux enchères du marché hebdomadaire chaque lundi, ainsi que les prospections en ferme des animaux mis en vente. Son téléphone professionnel sonne sept jours sur sept. « Nous sommes le Wall Street des bovins de l’Auvergne !», sourit l’éleveuse, qui décide des mises à prix au cas par cas en direct lors des ventes.
Cette fonction est engageante sur le plan économique et humain, mais Emilie aime ce métier, occupé à plus de 90 % par des hommes. « Une tension peut naître sur une transaction, mais cela n’a rien à voir avec le fait que je sois une femme. Les responsabilités et les tâches sont désormais plus équitablement partagées dans nos vies professionnelles et personnelles. En témoignent les nombreux postes occupés par des femmes… Faute parfois de candidats masculins comme pour les salariés agricoles ou les vétérinaires ruraux ! »
(1) Ce marché, dirigé par Michèle Chastan, regroupe 800 associés dont 100 négociants(24 000 animaux/an). (2) Chalet d’estive dans le Cantal.
Elle propose
Aucune place à l’incivilité
« Je n’ai jamais accepté la moindre incivilité, souligne Emilie Delbert Bertrand. J’aspire à un profond respect mutuel. Les mentalités évoluent dans le bon sens, mais la vigilance reste de mise. La franchise dans les relations et les compétences d’égale à égal sont pour moi les clés de l’intégration des femmes à ce milieu passionnant. Il faut aussi toujours se remettre en question pour être au top »
Crédits photos Monique Roque Marmeys - Tous droits réservé 