Entre sa maladie et le handicap de son fils, Emilie Roussée a trouvé un bon équilibre grâce à son métier d’éleveuse de porcs.
Sourire aux lèvres et rire communicatif, Emilie Roussée, 42 ans, dégage la joie de vivre. Eleveuse de porcs, associée en EARL avec son conjoint Jean-Michel Boisnard à Retiers (Ille-et-Vilaine), elle est aussi la maman comblée de trois garçons : Ewen 18 ans, Aubin 15 ans et Julien 9 ans. « Quand j’ai rencontré Jean-Michel, j’étais une maman célibataire avec deux jeunes enfants dont le cadet dans un fauteuil roulant à la suite d’un souci à la naissance, raconte cette battante. A l’époque, je travaillais dans les ressources humaines et ce n’était pas facile d’évoluer dans mon métier avec les nombreux rendez-vous médicaux d’Aubin. » Non issue du milieu agricole, mais débordante d’énergie, Emilie profite d'une période de chômage en 2018 pour donner un coup de main sur l’exploitation. L’élevage est en travaux pour passer de 100 à 140 truies et nécessite de la main-d’œuvre supplémentaire. « Jean-Michel et moi, nous avons constaté que nous pouvions travailler ensemble et que cela donnerait de la souplesse pour la famille. »  Elle s’installe en mars 2020 comme cheffe d’exploitation. Limiter la pénibilité Moins d’un an plus tard, nouveau coup dur : « Je ne sentais plus mes mains, le haut de mon corps n’était plus qu’une crampe généralisée. » Depuis longtemps, la jeune femme avait des douleurs, mais elle les avait mises sur le compte du travail et sur le fait de soulever Aubin. Après six mois d’attente et de nombreux examens, le diagnostic tombe : le syndrome du défilé thoraco-brachial, autrement dit un engourdissement des membres supérieurs non irrrigués en cas d’efforts physiques. C’est la douche froide pour les jeunes investisseurs. Emilie n’est pas du genre à se laisser abattre. Pour réduire le port de charges, les éleveurs achètent une balance mobile de pesée des porcelets et un chariot à cadavre avec une aide de 3 000 € de l’Agefiph (1). Ils s’équipent d’un robot de lavage en sollicitant le PCAEA (2). A leur frais, ils automatisent la chaîne d’alimentation de la maternité en investissant 36 000 €. Malgré la fatigue et les tracasseries administratives, Emilie trouve le temps de se former auprès de son Ceta (3) dans une filière porcine « assez féminine », où elle « se sent à sa place ». (1) Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (2) Plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles (3) Centre d'études techniques agricoles   Elle propose Des équipements adaptés pour tous « Ma maladie nous a fait réfléchir à des équipements pour améliorer mes conditions de travail, témoigne Emilie Roussée. Au quotidien, ces aménagements profitent à tous : conjoint, stagiaire, apprenti. Chacun sur son exploitation, homme ou femme, avec ou sans handicap, devrait y réfléchir pour préserver sa santé. »   Crédits photos Isabelle Lejas - Tous droits réservé