En dix ans, Sophie Renaud est passée de salariée agricole à cheffe de l’exploitation familiale et gérante de l’ETA paternelle. Un parcours auprès des siens qu’elle mène avec détermination.
Fille unique de parents et grands-parents agriculteurs près de Saint-Jean-d’Angély, en Charente-Maritime, c’est « naturellement » que Sophie Renaud est devenue à son tour agricultrice.
En 2014, elle débutait en tant que salariée dans l’entreprise de travaux agricoles (ETA) de son père, déjà reprise au grand-père. Dix ans plus tard, à 31 ans, elle est cheffe de l’exploitation familiale en polyculture-élevage avec quinze mères allaitantes, créatrice de la marque de vêtements French Farmers, influenceuse sur les réseaux sociaux (sous le pseudonyme Sophiie_farmerlife avec 39 000 followers sur Instagram), conseillère municipale, vice-présidente du syndicat départemental des entrepreneurs des territoires et gérante de l’ETA paternelle.
Une gérante respectée
Autant de casquettes qu’elle revêt sans se poser de questions. « Si je fais tout ça, c’est uniquement parce que c’est une évidence pour moi et mon entourage, confie-t-elle. Chez les Renaud, on a l’agriculture dans le sang, c’est une passion, ça ne s’explique pas. »
Sophie n’a pas peur d’avancer, de créer, de communiquer. Titulaire d’un BTS de comptabilité et d’un BPREA*, son métier, elle l’a appris aux côtés de son père. « Depuis toujours, papa m’a emmenée sur le terrain, aux rendez-vous avec les banques, les coopératives, les clients de l’ETA. Il m’a incluse dans son quotidien, rembobine-t-elle, fière de son parcours et de ses racines. Ça ne m’a jamais fait peur de reprendre l’ETA et l’exploitation », qui représentent au total plus de 400 hectares.
https://www.dailymotion.com/video/x8tktwy
Outre des commérages de voisinage lorsqu’elle s’habille en rose fluo, ou des remarques de gendarmes qui ne la voient pas derrière le volant de son tracteur, elle l’assure, son statut de gérante est respecté de ses pairs masculins. « En tant que femme, la seule difficulté que je rencontre au quotidien, est liée à mon physique lorsqu’il faut porter des choses lourdes, affirme celle qui a subi une chirurgie du genou entraînant sept mois d’arrêt de travail et deux ans de rééducation. Au final, l’ETA est pratique pour moi, ironise-t-elle, car je peux demander l’aide de mes deux salariés. »
* Brevet professionnel responsable d’entreprise agricole.
Elle propose
Davantage de soutiens aux mères de famille
Pour Sophie Renaud, il faut développer les services de remplacement au bénéfice des agricultrices pendant leur congé maternité. Ensuite, il faut déployer des services de garde pour les enfants en bas âge en milieu rural et augmenter les aides financières pour soulager les coûts des jeunes parents.
Crédits photos Sophie Renaud - Tous droits réservé