Il va falloir compter avec de nouveaux acteurs et services dans le marché très concurrentiel des télécommunications. LoRa Alliance et Sigfox s’engouffrent dans la niche encore peu exploitée des objets connectés ou IoT (Internet of Things - Internet des objets). Un troisième, Qowisio, est aussi sur la brèche. Leur objectif est de proposer des solutions pour la communication M2M, c’est-à-dire de « machine à machine », sans encombrer les réseaux dédiés aux ordinateurs et smartphones, et ceci à un coût réduit.

C’est le français Sigfox qui a le plus d’avance dans ce domaine. D’origine toulousaine, l’entreprise a créé un réseau longue portée et à bas débit qui permet la communication de données de tailles réduites entre des appareils connectés sans passer par un téléphone mobile. Cette connexion à bas débit est possible grâce à une technologie radio dite de bande ultra-étroite. Peu énergivore, elle utilise des bandes de fréquences libres de droit. En Europe, il s’agit des 868 MHz. Et ce sont 1 500 antennes-relais qui sont installées sur tout le territoire français pour alimenter ce réseau.

Ferme intelligente

Des start-up en tout genre s’emparent de la technologie bas débit et proposent déjà des applications agricoles. Elles utilisent pour le moment des capteurs tels que des accéléromètres, thermomètres, tensiomètres, hygromètres, etc. Les appareils qui en sont équipés fonctionnent déjà pour certains avec le réseau Sigfox. C’est, par exemple, le cas des sondes Weenat ou des stations météo Pioupiou et Météus. Le compteur d’eau ultrasonique pour l’irrigation de Yzatec partage aussi ses informations avec Sigfox. Il est en est de même pour la balance électronique pour ruche interrogeable à distance Optibee.

En attendant la 5G

L’Internet des objets utilise les réseaux bas débit en attendant une 5G qui prendra plus de temps que prévu à se mettre en place. Les premiers développements d’applications en 5G montrés au Mobile World Congress de Barcelone, fin février dernier, sont néanmoins encourageants. Plusieurs opérateurs et constructeurs y travaillent, d’Orange à T-Mobile en passant par Huawei, Intel ou Ericsson. Mais les bandes de fréquence ne sont pas désignées. À moins que les équipementiers visent des fréquences sans licence, il ne faut pas espérer la 5G avant au moins cinq ans.

Sigfox, Lora et Qowisio

Le champ est donc libre pour SigFox, Lora ou Qowisio qui tissent leur réseau. Et des différences de stratégies se font jour. La principale différence entre les solutions SigFox et LoRa réside dans leur fonctionnement. À la différence de Sigfox, le réseau local LoRa nécessite l’utilisation d’une passerelle Internet (Wi-Fi, Ethernet, etc.). Ensuite, LoRa transporte plus de données mais nécessite plus d’énergie.

En France, deux opérateurs utilisent et assurent un déploiement LoRa : Bouygues Telecom et tout récemment Orange. Le 22 mars dernier, SFR a décidé de s’associer à Sigfox.

La dernière technologie bas débit étant apparu est celle de Qowisio. Déployant progressivement son réseau de points relais, l’entreprise de télécommunications couvre actuellement qu’une partie de l’Île-de-France.

L’effet start-up

La communication bas débit accompagnera-t-elle le nouveau marché des IoT ou est-ce le début d’une bulle ? Une question difficile à laquelle les acteurs du machinisme et leurs clients devront répondre. Les besoins en technologies moins chères en équipements de confort de travail et de bien-être de l’animal, voire en optimisation des pratiques, existent indéniablement. Les technologies M2M bas débit peuvent donc y répondre, à condition que tout le monde joue le jeu : investisseurs, développeurs, outilleurs, à l’écoute des besoins du terrain. Mais l’exercice est compliqué dans le contexte de crise actuel.