« Notre agriculture doit réduire sa dépendance aux intrants chimiques qui polluent nos sols, nos cours d’eau et nos nappes », clame le chef de l’État à l’occasion de son point d’étape des États-généraux de l’alimentation, organisé ce 11 octobre 2017 à Rungis. Emmanuel Macron entend « inventer une nouvelle France agricole », avec les agriculteurs.

« Beaucoup a déjà été entrepris et fait par le monde agricole à cet égard. Mais nous devons aller plus loin ensemble », poursuit-il, tout en précisant avoir entendu les critiques émanant du monde agricole à la suite des annonces faites sur les néonicotinoïdes, les perturbateurs endocriniens ou encore le glyphosate.

La méthode Macron

« Franchement le bon débat n’est pas de savoir s’il faut sortir du glyphosate dans dix ans ou dans cinq ans. C’est comme si je vous disais que, politiquement, on sait régler la rapidité et la réalité des innovations technologiques… » Pour le chef de l’État, reporter à dix ans la problématique du glyphosate reste une mauvaise idée, « parce que ça n’est pas prendre nos responsabilités face à l’histoire ». Le président a demandé à ce sujet aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique de travailler sur les conditions d’une transition raisonnable vers la sortie du glyphosate.

En attendant, la méthode Macron, « c’est, filière par filière, aider les agriculteurs à trouver la meilleure organisation, pour leur donner plus d’indépendance par rapport aux phytosanitaires ». Avec, pour commencer : la séparation du conseil et de la vente. Cette disposition sera portée par le projet de loi relatif à la transformation agricole et à la contractualisation, dont la présentation et le vote sont prévus avant la fin du premier semestre de 2018. « Sur beaucoup de produits phytosanitaires, il y a encore une vente liée qui fait que le conseil n’est pas indépendant. Cette loi séparera la vente du conseil. »

Généraliser les bonnes pratiques

Le chef de l’État préconise aussi de « regarder filière par filière comment on peut mieux doser les phytosanitaires ». Des filières sont exemplaires à ce titre selon lui : il s’agit de les repérer pour mettre en avant les bonnes pratiques. « On doit les généraliser et regarder, ce qui sans innovation permet de régler les doses, et d’améliorer les conditions de travail pour les agriculteurs et les conditions voulues par nos concitoyens. »

Un programme d’investissement dans la recherche sera lancé pour permettre dans chaque filière de trouver des solutions de substitution. « Je veux que nous travaillions à trouver les bonnes solutions : elles se déclineront en regardant les alternatives comme le biocontrôle, en accompagnant les agriculteurs dans les bonnes pratiques, en chiffrant les coûts et en finançant les nécessaires transformations, en regardant les impacts aussi sur la main-d’œuvre et les contraintes que cela impose, ainsi qu’en dosant comme il le faut les recours jugés indispensables sans substitution. »

Une expertise scientifique indépendante

Autre volonté du président de la République : la construction d’une expertise scientifique indépendante en France et au niveau européen, par une reconnaissance académique, mais aussi une indépendance financière. « Nous avons sur tous ces sujets subis ces dernières années trop de pression, trop d’intérêts cachés et des expertises industrielles qui ne sont en rien des expertises scientifiques. »

Enfin, l’Inra, les chambres d’agriculture et les instituts techniques devront désormais travailler ensemble, de manière concertée au niveau national et régional. Les plans de filière, attendus pour la fin de l’année, devront par ailleurs mentionner les travaux de recherche prioritaires à mener, et les investissements nécessaires.

Des aides directes pour services environnementaux rendus

200 millions d’euros, issus du plan d’investissement, seront enfin affectés à la rémunération des services environnementaux rendus par les agriculteurs à la collectivité, sous la forme d’aides directes, qui devraient être par la suite intégrées dans la maquette budgétaire et la nouvelle Pac.

Rosanne Aries

Retrouvez le discours d’Emmanuel Macron.