« Plusieurs plaintes ont été déposées. Il appartiendra aux autorités judiciaires d’apporter les réponses appropriées et de caractériser l’infraction pénale de ces actes », annonce la préfecture du Morbihan le lendemain d’une embuscade menée contre un train de céréales à Noyal-Pontivy le samedi 19 mars 2022.
Un train arraisonné
Samedi, une grosse quinzaine de militants se revendiquant d’un collectif Bretagne contre les fermes usines arrête avec un mur de parpaings un train de marchandises en circulation sur une voie ferrée dans la campagne à proximité de Noyal-Pontivy, à 50 kilomètres au nord de Vannes. Une fois la motrice immobilisée, les militants, vêtus de combinaisons blanches, ont ouvert les vannes des wagons, déversant ainsi du blé sur les rails.
Intercérales estime que 1 500 tonnes de blé ont ainsi été répandues. À l’arrivée des forces de l’ordre, les militants se sont répartis dans les bois adjacents. L’association animaliste Extinction Rebellion a soutenu l’action et a diffusé le film en direct de l’action.
La cargaison était destinée à Sanders, selon les militants. Toutefois, leurs compétences agronomiques ont fait l’objet de plusieurs moqueries. Les militants pensaient intercepter une cargaison de soja, ont-ils expliqué. En fait, il s’agissait de blé, dont une militante affirme qu’il est OGM, ce qui n’existe pas en France.
PS: faut vraiment être fin comme du gros sel pour confondre soja (à gauche) et blé (à droite)
— Emmanuelle Ducros (@emma_ducros) March 19, 2022
Extinction Rébellion, écologie de balconnière et militantisme en polystyrène. pic.twitter.com/bbIyiBvxq5
Intercérales a demandé une politique de sécurisation des transports de grains.
Une condamnation assez générale
Très rapidement, des réactions se sont exprimées sur Twitter pour dénoncer un gaspillage alimentaire. La militante qui filme reconnaît elle-même dans son commentaire l’aspect choquant de cette action : « C’est violent mais on dénonce un système qui produit ce gaspillage. »
Un porte-parole a lu une lettre ouverte pour expliquer son action : « Le système agroindustriel va dans le mur et nous devons le mettre à terre. Les coupables sont les coopératives et l’industrie agroalimentaire. Cette action a pour but d’exhorter Sanders et Avril à changer de pratiques. »
La préfecture du Morbihan commente : « Ce gaspillage alimentaire est scandaleux au moment même où la France doit consolider sa capacité de production nourricière dans un contexte international difficile. » Sur Twitter et sur Facebook, les commentaires sont plutôt majoritairement en défaveur de cette intervention.
Yannick Jadot ne soutient pas
Samedi en fin de soirée, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a tweeté : « Simplement inadmissible ! Mais aussi totalement irresponsable : détruire des productions de céréales alors que beaucoup de pays en manquent en ce moment… c’est affligeant. La justice doit passer. » Le député européen et agriculteur Jérémy Decerle a commenté sous l’image d’un militant : « Honte à cet abruti et ses copains. »
Simplement inadmissible !
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) March 19, 2022
Mais aussi totalement irresponsable : détruire des productions de céréales alors que beaucoup de pays en manquent en ce moment... c’est affligeant.
La justice doit passer. https://t.co/JxsRWhgkgL
Un peu plus tôt dans la soirée, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA), la chambre régionale d’agriculture ainsi que le Crédit Agricole et Groupama notamment, avaient dénoncé « une action scandaleuse de la part de militants déconnectés des réalités et agissant contre l’intérêt général », en appelant à « une réaction de l’État pour mettre un terme aux actes de toutes formes remettant en cause notre agriculture ».
Dimanche, dans « Dimanche en politique » sur France 3, Yannick Jadot a également critiqué cette action : « Je ne soutiens pas des actions qui aujourd’hui mettent des céréales dont on a besoin partout sur la voie. Je ne soutiens pas cette action-là. »
Passe d’armes sur Twitter
Sur un plan syndical, cette action a été l’occasion d’une passe d’armes, dans la journée de samedi sur Twitter, entre Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Tout démarre avec l’ancien représentant de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, qui a spontanément condamné l’embuscade ferroviaire : « On touche le fond. »
Christiane Lambert a commenté cette déclaration en interpellant l’actuel porte-parole du syndicat : « C’est un désaveu total des alliances dangereuses de Nicolas Girod avec les associations extrémistes et décroissantes. » Ce dernier a rétorqué : « Bien tenté, Christiane Lambert, mais je ne vois aucun désaveu ici. Juste la critique d’une action que la Confédération paysanne ne peut pas cautionner. »
Bien tenté @ChLambert_FNSEA mais je ne vois aucun désaveu ici.
— Nicolas Girod (@NicolasGirod3) March 19, 2022
Juste la critique d’une action que @ConfPaysanne ne peut cautionner
Rdv aux #megabassines pour juger de notre unité ...@CalvadosConf @ConfPaysanne07 @Conf79 @LaConf56
Un collectif de militants bretons
L’association Bretagne contre les fermes usines se revendique comme un collectif, issu en 2021 d’un collectif morbihanais similaire, de militants d’autres organisations : Eau et Rivières de Bretagne, Confédération paysanne, Comité de soutien aux Victimes des pesticides de l’Ouest, Pisseur. euses Involontaires de Glyphosate BZH, Faucheurs et faucheuses volontaires d’OGM et Extinction Rebellion.