Les agriculteurs de Picardie sont aussi gravement touchés par les fortes chutes de rendement des céréales, et en particulier de blé. Alors que les récoltes sont sans cesse perturbées par la pluie, les rendements annoncés vont rarement au-delà de 50 q/ha, et descendent même dans certaines parcelles à 30 q/ha ! Dans la région, ils dépassent habituellement les 80 q/ha.

Reports d’échéances sur un et trois ans chez Agora

Pour aider ses adhérents à faire face à cette situation, Agora, coopérative de l’Oise, a décidé de mesures exceptionnelles. « La première est une avance de trésorerie aux agriculteurs, sur les bases de 85 €/tonne pour l’orge, 105 €/t pour le blé, 280 €/t pour le colza et 150 €/t pour les pois », explique Jean-Xavier Mullie, le directeur de la coopérative, ce 3 août 2016.

La priorité d’Agora est ensuite de soutenir au plus vite, les trésoreries de ses adhérents pour leur permettre, au moins, d’assurer, les mises en culture de la prochaine campagne. « Nous avons demandé à la direction, pour début août, des propositions qui visent trois choses, reporter sur trois ans, voire plus, le solde des paiements des appros de la campagne 2015-2016 ; reporter l’échéance de tous les appros 2016-2017, à fin août 2017 ; et, enfin, soutenir plus particulièrement les jeunes agriculteurs, précise Thierry Dupont, le président d’Agora.

Le conseil d’administration a aussi décidé de réduire drastiquement les charges de la coopérative. Face à cette situation, l’heure n’est plus à la consolidation du haut du bilan d’Agora. Les adhérents doivent pouvoir « tirer parti » des fonds propres de la coopérative et de sa capacité financière disponible, pour leur permettre de passer le cap de cette vraie épreuve ! » estime Thierry Dupont.

Un plan de financement avec les banques pour Valfrance

La coopérative voisine Valfrance, a également réagi rapidement. « Dans l’immédiat, nous avons mis en place des avances de trésorerie et acomptes sur les céréales livrées ou stockées chez les agriculteurs, et un report de toutes les échéances en cours au 31 décembre 2016, indique Hugues Desmet, responsable de la collecte à la coopérative. Nous sommes aussi en train de construire avec les deux principales banques que sont le Crédit Agricole Brie Picardie et le Crédit Mutuel, des solutions de financement pour la campagne 2016-2017 avec une participation de la coopérative à deux niveaux. La coopérative se portera caution pour les agriculteurs et elle a prévu un budget pour alléger le coût du financement ».

Une mobilisation de tous

La coopérative a également pris des mesures d’économie pour, elle aussi, traverser cette période difficile. Elle a décidé de supprimer un tiers de ses effectifs saisonniers, de stopper son plan d’investissement 2016-2017, et de diviser par deux, son budget entretien maintenance.

« Les coopératives se mobilisent parce qu’elles sont en première ligne pour prendre la mesure de la gravité de la situation, ajoute Hugues Desmet. Mais elles ne doivent être les seules à agir. Tout le monde doit apporter sa contribution : les banques, les syndicats, les centres de gestion… pour que les agriculteurs réussissent à passer le cap.»

Blandine Cailliez