Delphine Guibert n’est pas issue du milieu agricole. Devenir éleveuse lui est pourtant apparu comme une évidence. Et ce sentiment ne l’a jamais quittée depuis près de vingt ans dans le métier.
«Même si j’ai grandi en ville, je ne me sens pas citadine du tout », confie Delphine Guibert. C’est en rencontrant son mari qu’elle découvre le milieu agricole. Et tout apparaît à ce moment-là comme une « évidence », au point de se demander comment elle avait pu passer à côté durant toutes ces années.« Le calme, le fait de vivre avec les saisons » ont tout de suite plu à la jeune femme alors âgée de 22 ans. Et un premier travail auprès de brebis laitières a confirmé son envie de faire de l’élevage son métier. « L’agriculture est un métier mais pas que. C’est un mode de vie », affirme-t-elle. Le lait sert à fabriquer du Laguiole, de la tome de l'Aubrac, et de l'aligot. (© La Borie du Cauvel) Delphine Guibert suit une formation adulte et décroche en seulement deux ans un Bac pro agricole et un BTS comptabilité et gestion (Acse). « Non issue du milieu agricole, en plus d’être une femme, je cumulais », s’amuse Delphine, qui évoque les premières difficultés pour dénicher un simple stage.« J’ai réussi à trouver des personnes qui m’ont fait confiance et qui m’ont beaucoup appris », apprécie celle qui rend la pareille aujourd’hui en accueillant des stagiaires de profils différents.La motivation est ce qui compte le plus à ses yeux. Face aux difficultés qui se présentent pour se former, chercher une ferme en hors cadre familial ou pour gérer le quotidien, « la motivation aide beaucoup », remarque l’éleveuse, installée aujourd’hui avec son mari à Laguiole (Aveyron).« Je le referais mille fois »Après avoir longtemps cherché une exploitation à reprendre hors cadre familial, c’est par le bouche-à-oreille que Delphine et son mari accèdent à la première ferme laitière sur laquelle ils s’installent dans l’Aveyron. N’y trouvant plus leur compte au bout de dix ans, le couple, solidaire et complémentaire dans le travail, se met à la recherche d’une autre exploitation hors cadre familial. Une nouvelle quête fastidieuse s’annonce. Après de longs mois de recherche, le couple a trouvé une ferme grâce au bouche-à-oreille. (© La Borie du Cauvel) « Si c’était à refaire je le referai mille fois »Delphine et Jérôme Guibert trouvent finalement leur bonheur à Laguiole, à seulement cinq kilomètres de la coopérative Jeune montagne qui valorise aujourd’hui le lait de leurs cinquante laitières. Ce changement les ravit : avec un travail similaire, ils en retirent un meilleur salaire, la considération de leur coopérative et la fierté de contribuer à l’élaboration de fromages de qualité.Si Delphine Guibert considère l’agriculture comme « un métier passion » dans lequel elle a pu « entièrement s’épanouir », le travail à la ferme peut s’avérer difficile, que ce soit physiquement ou moralement. Il est donc important, conseille-t-elle, « d’y aller si on en a l’intime conviction », et pas parce que ce serait à la mode ou dans la tradition. Pour sa part, c’était une évidence : « S’installer, si c’était à refaire, je le referais mille fois. »Quels diplômes pour s’installer ?S’il est important de se former avant de se lancer, aucun diplôme n’est obligatoire pour s’installer. Cependant, dans certaines régions, afin d’accéder à la dotation jeune agriculteur, il est nécessaire d’obtenir un diplôme qui confère la « capacité professionnelle agricole », comme des baccalauréats professionnels, des BTS, etc.