Brebis, bois, pommes de terre et myrtilles
Un dynamique éleveur cueilleur
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Baptiste Teyssier jongle entre brebis, bûches de bois, pommes de terre et cueillette de myrtilles sauvages. Celle-ci constitue une part importante de son chiffre d’affaires.
Sur les pentes escarpées de la montagne ardéchoise, entre 600 et 1 200 mètres d’altitude, pousse la myrtille sauvage, la « perle bleue » du pays. Pour les habitants du secteur, la cueillette, qui se déroule de mi-juillet à mi-août, est une tradition ancestrale. Pour Baptiste Teyssier, c’est même un héritage : « Petit, je passais mes étés, peigne à la main, à aider mes parents pour la récolte », se souvient-il. Installé à Mézilhac, le jeune trentenaire a repris l’élevage de brebis de son père en 2009. « Ma mère a gardé l’activité liée aux myrtilles jusqu’à sa retraite en 2018. » Bien que séparées juridiquement, les deux exploitations ont fonctionné main dans la main durant neuf ans, jusqu’à ce que Baptiste reprenne le tout.
Pas de mécanisation
Ses étés n’ont guère changé depuis l’enfance. C’est toujours le peigne et le seau à la main qu’il arpente ses 40 ha de landes à myrtilles. La baie sauvage n’a que faire de la technologie. Il n’y a pas de mécanisation possible. « J’embauche une dizaine de saisonniers pour m’aider dans cette tâche. Le matin, ils récoltent et l’après-midi, ils trient », explique Baptiste. Le reste de l’année, la myrtilleraie retrouve son état sauvage. « C’est une production qui ne nécessite que très peu d’entretien. Un débroussaillage tous les trois ans est suffisant. »
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Une forte demande mais un volume en baisse
La myrtille a toujours tenu une grande place dans l’exploitation familiale. Elle représente aujourd’hui 55 % du chiffre d’affaires de Baptiste. « Sur l’ensemble de mes parcelles, nous avons récolté jusqu’à 25 tonnes. Cette année, j’atteins à peine 8 tonnes. L’année dernière, tout juste 10 tonnes », déplore le producteur. En cause, une succession d’aléas climatiques et l’arrivée de Drosophila suzukii. Si la myrtille se fait rare, la demande est là. « Il ne nous en reste jamais, même en année normale », sourit-il. Le producteur les valorise autour de 8 euros le kilo en bio. Il les vend essentiellement à des transformateurs, mais aussi un peu en direct.
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Ateliers complémentaires
« Avant, mes parents ne les vendaient que sur l’exploitation. Mais cela nécessitait beaucoup de main-d’œuvre et de temps de présence pour la commercialisation. Maintenant que je suis seul à la ferme, c’est plus simple de les expédier deux fois par semaine aux industriels avec qui je travaille. Cela me laisse du temps pour mes autres activités. »
En effet, le jeune producteur élève 285 brebis blanches du Massif central (BMC). Les agneaux, qui naissent de mars à juin, sont commercialisés auprès d’un chevillard local. « Quand je me suis installé, je suis monté à 350 brebis. Mais n’étant pas autonome en alimentation, j’ai préféré baisser un peu mon cheptel pour ne plus à avoir à acheter de foin. » Le cours des agneaux, qu’il juge insuffisant, l’a aussi conforté dans sa décision. « En 2009, les agneaux étaient vendus 5,86 €/kg carcasse. Le prix a un peu augmenté en 2010, passant à 6,50 €/kg, mais il n’a pas bougé depuis. Le kilo de myrtille est bien mieux rémunéré que le kilo d’agneau ! » Pour essayer de valoriser sa production, Baptiste a adhéré à la marque « Agneau de l’Ardèche », qui prévoit une majoration de 0,50 €/kg par agneau. « La marque, qui a été créée depuis peu, se développe doucement. J’espère que les efforts de communication du syndicat départemental ovin porteront rapidement leurs fruits. »
Maire de son village
Baptiste gère également un atelier de bois de chauffage et de pommes de terre bio. Ces dernières sont toutes vendues à la ferme et auprès de restaurateurs, en sac de 25 kg au tarif de 1 €/kg. « C’est une activité qui marche bien et qui est complémentaire de mes autres ateliers. J’utilise notamment le fumier composté de mes brebis pour amender mes parcelles. » Le dynamisme de Baptiste ne s’arrête pas là. Durant l’hiver, plutôt rigoureux dans ce secteur, il réalise du déneigement pour les communes avoisinantes. Et depuis le mois de mai dernier, ce jeune papa d’une petite fille de 18 mois est aussi maire de Mézilhac (100 habitants). « Il me paraît important de s’engager au niveau local. J’avais envie de me mettre au service des habitants, faire bouger les choses. »
À Mézilhac (Ardèche).
SAU : 236 ha, dont 50 ha de prés de fauche, 24 ha de bois, 40 ha de myrtilles, le reste en landes.
Cheptel : 285 brebis de race BMC.
Bois : 400 stères vendus par an.
Pommes de terre : 1 ha
(Dalida et Mona Lisa principalement).
Main-d’œuvre : 10 saisonniers pour la récolte des myrtilles, 2 saisonniers pour celle des pommes de terre.
Le cahier des charges de la marque « Agneau de l’Ardèche » garantit une viande d’agneau né, élevé et abattu dans le département, puis sélectionné et transformé par des artisans bouchers ardéchois. Pendant au moins 60 jours, les agneaux sont élevés sous la mère, puis nourris à l’herbe et complémentés avec une alimentation garantie sans OGM. Les brebis doivent pâturer au moins 6 mois dans l’année et les agneaux être âgés de moins de 210 jours. « Avec ce cahier des charges, la traçabilité est complète, ce qui rassure le consommateur », indique Baptiste Teyssier.