Alors que la cueillette de pommes se termine dans leurs vergers en cette fin de septembre 2022, Régis et son fils Nicolas Gorse, installés à Allassac en Corrèze, admirent des fruits arborant le jaune lumineux de la golden delicious avec un côté rosé typique de l’AOP Pomme du Limousin, unique pomme reconnue en AOP en France.

Vingt saisonniers, tous de la proche région et fidélisés au fil du temps, sont embauchés pour la récolte. « Les pommes sont de gros calibre. L’année a été pourtant difficile avec du gel au printemps, des pics de chaleur en mai et juin et un été très sec et très chaud. Il manquera du tonnage. Les mauvaises années s’enchaînent depuis 2012 avec deux années noires en 2020 et 2021 », commente Régis Gorse, qui voue une passion à cette production depuis son installation en 1983.

© Monique Roque - Les pomiculteurs sont également éleveurs de 35 vaches limousines.

L’exploitation familiale comptait alors 20 ha et 20 vaches limousines produisant des veaux sous la mère, une tradition dans le bassin de Brive-la-Gaillarde. Le jeune éleveur travaille à mi-temps à l’entretien mécanique de la coopérative fruitière Perlim. Il plantera 2 ha, suivis de 3 autres. En 2014, son verger couvre 6 ha. « J’ai toujours cru en cette production de qualité, reconnue en AOC en 2005, puis en AOP en 2007. Nous avons la chance de produire un fruit d’une qualité unique liée à son terroir et à notre mode de production, dans le respect d’une haute exigence aussi bien gustative qu’environnementale. »

Une vocation familiale

Son fils, Nicolas, lui aussi très attaché à cette vocation familiale, s’apprête à s’installer à son tour en 2023 après dix ans de salarié technico-commercial en élevage et arboriculture. « Au regard des chutes de production des deux dernières années, je garde pour l’instant un mi-temps salarié à l’extérieur, garantissant un revenu régulier. La rémunération de notre travail est un vrai problème en agriculture, toutes productions confondues et malgré les efforts que nous pouvons déployer, souligne le jeune homme, motivé et volontaire pour réussir dans ce parcours. Nous progressons pourtant aussi bien techniquement que socialement. Notre coopérative Cooplim nous soutient et nous accompagne dans nos investissements sur les plants, les filets et l’irrigation. » La moitié du verger est aujourd’hui en jeunes plants avec 85 % de golden et 15 % de Evelina, plus résistante à la tavelure. « Je crois en cette production ! Le défi sera de s’adapter du mieux possible au changement climatique pour assurer un chiffre d’affaires viable pour l’exploitation, soit de 20 000 à 25 000 €/ha », poursuit Nicolas.

© Monique Roque - Les vergers, tous recouverts de filets pare grêle, abritent pour la moitié d'entre eux, des jeunes plants.

Vergers écoresponsables

Dans un souci de transparence et pour répondre aux nouvelles attentes sociétales, la filière AOP qui regroupe 2 300 ha et 180 producteurs, affiche 100 % de ses surfaces reconnues en HVE (haute valeur environnementale) et en vergers écoresponsables. 510 ha sont cultivés en agriculture biologique et 65 % des surfaces sont labellisées en Bee Friendly. « La filière possède 2 515 ruches sédentaires en vergers et 70 % des surfaces en irrigation au goutte-à-goutte », poursuivent Régis et Nicolas Gorse, attentifs à toutes les solutions de traitement alternatives dans leurs vergers qu'ils jugent « plus onéreuses mais indispensables ». Pour les deux exploitants, « la charte de bon voisinage en date de 2017 s’est avérée salvatrice pour calmer des inimitiés désagréables. Nous n’avons rien à cacher et sommes prêts à donner toutes les explications qu’attendent les consommateurs. Nous sommes fiers de nos vergers. »

À terme se posera le problème de gérer deux productions après le départ à la retraite de Régis. « Il y a dix mois de travail dans les vergers. Nous avons aménagé les conditions de travail sur les bovins (stabulation modernisée, détecteur de vêlage…) mais certaines contraintes sont incompressibles. Mais ces deux productions, fréquentes dans notre territoire, sont bien complémentaires », précise Nicolas pour l’heure indécis quant au choix d’arrêter ou non les bovins.