Dans la plaine céréalière du sud des Ardennes se dressent des champs de miscanthus. Une plante qui occupe une place centrale de la SAS Rhizosfer (1), l’exploitation de Guillaume Leriche. Il s’est installé en 2008 sur une partie de la ferme familiale basée à Brienne-sur-Aisne. « Je suis sensible à la protection de l’environnement et je souhaitais développer des projets à haute valeur ajoutée », explique l’agriculteur, à la tête de 64 hectares, dont une cinquantaine en grandes cultures bio. Il conduit 13 hectares en agroforesterie, qu’il souhaiterait développer sur toute sa structure.

Diplômé d’un BTS production horticole, Guillaume s’est vite tourné vers le miscanthus pour son intérêt agronomique et écologique. Il a développé une production de rhizomes et propose des prestations de plantation. « J’ai acheté mes premiers plants en Autriche et je les ai multipliés », se remémore ce pionnier également bricoleur qui a adapté des outils pour obtenir des planteuses adaptées. Quinze hectares de sa surface agricole sont destinés à la production de rhizomes. « Le miscanthus a de nombreux atouts. Implanté pour plusieurs décennies, il produit 13 à 23 tonnes par hectare de biomasse, analyse Guillaume. C’est une plante à bas niveau d’intrants, qui permet de réduire le travail du sol. Elle peut être choisie pour des parcelles éloignées ou inadaptées à une production plus classique. » Des atouts qui séduisent de plus en plus.
Foncier limité
« Nous ne pouvons pas acquérir du foncier supplémentaire pour répondre à cette demande croissante. J’ai donc réfléchi à un procédé permettant d’augmenter le rendement de production de plants à l’hectare, tout en tenant compte des modifications climatiques qui perturbent la production de rhizomes de qualité en plein champ », explique Guillaume. Autodidacte, il a mis sur pied un système de multiplication de plants en motte produits en plaques horticoles sous serre à l’aide de robots de repiquage. Avantages de ce procédé : une plantation possible après la moisson, une entrée en production plus rapide, un désherbage mécanique possible dès l’implantation et une plus grande régularité d’implantation. « Nous pourrons mieux contrôler et s’assurer de la qualité de nos plants qui ne souffriront pas des fortes chaleurs », indique Mathilde Leriche, épouse de Guillaume. Salariée permanente de la SAS Rhizosfer, elle a quitté la recherche et développement après quinze ans passés dans les laboratoires. « J’avais besoin de faire quelque chose de plus concret. Je suis polyvalente et je m’occupe notamment de l’administratif. »

Un projet de 1,6 M€
S’il aboutit, leur projet permettra à la SAS de proposer des plants en motte au même prix à l’hectare que les rhizomes. Pour le concrétiser, 1,6 million d’euros sont nécessaires. Le financement sera assuré par des prêts bancaires, mais un apport personnel complémentaire de 400 000 euros est impératif. Le couple recherche des capitaux extérieurs.
Depuis son lancement, la SAS Rhizosfer a fourni et planté 700 hectares de miscanthus en France et en Belgique. « Nous sommes de plus en plus sollicités. Pour que nous puissions assurer un chantier de plantation, il est préférable de nous contacter plusieurs mois à l’avance », insiste Mathilde. Les clients de la société bénéficient d’un accompagnement complet. « En amont du chantier de plantation, nous les orientons dans le choix de la parcelle, les incitons à réaliser une analyse de terre et les guidons pour que la préparation du sol permette une pousse optimale, relate Guillaume. Nous nous assurons aussi qu’ils aient un débouché. » Grâce au nouveau procédé de production qu’il a imaginé, l’agriculteur espère augmenter ses ventes par trois et embaucher un salarié en CDI.
