Valentin Werther est un passionné d’agriculture. Il a choisi de faire ce métier alors qu’il n’avait que trois ans. Pourtant, le jeune éleveur, originaire de la ville de Nancy, ne compte aucun agriculteur dans sa famille. « J’ai découvert, enfant, les joies de la ferme chez des amis de ma grand-mère, dans les Ardennes », se souvient-il. Une première rencontre qui lui vaut sa vocation, « à condition de l’exercer dans l’Est », s’entête-il alors.

 

Le déménagement de sa mère en Vendée lui fera ajuster ses plans : « Quand je suis arrivé dans la commune d’Aizenay dans le bocage vendéen, à l’âge de dix ans, je me suis dit que je repartirais après avoir fait mes études. Aujourd’hui, pour rien au monde, je ne voudrais m’en aller. Je me suis attaché à la région. »

Visite scolaire sur une ferme

Valentin Werther a aussi fait les bonnes rencontres. Sa volonté et son audace qui semblent à toute épreuve l’ont par ailleurs tôt fait remarquer du côté des éleveurs. « J’ai commencé à travailler sur une exploitation à partir de la seconde, explique-t-il. Mes professeurs avaient emmené toute la classe sur une ferme à Aizenay pour une visite scolaire. Yves Fourny, l’exploitant, a dit en plaisantant — ou peut-être sans trop y croire —, qu’il recherchait quelqu’un pour faire la traite à l’occasion. Je lui ai tout de suite répondu que ça m’intéressait. Yves et Irène Fourny forment aujourd’hui ma deuxième famille. »

La force des aînés

« J’ai appris mon métier à l’école mais aussi et surtout au contact d’Yves et Irène. Ils ont été d’une grande patience avec moi. Ils m’ont fait confiance aussi. Je faisais la traite durant le week-end et pour des remplacements. En réalité, j’aimais tellement travailler sur place qu’au premier temps libre, j’y revenais. J’ai effectué mon stage sur la ferme pour mon bac pro, j’y ai aussi travaillé l’été. »

 

Durant son BTS Acse à l’école d’agriculture des Établières, à la Roche-sur-Yon, Valentin Werther se rend sur la ferme quelques mercredis après-midi et week-ends. « Et même quand on faisait la fête avec les copains, Yves et Irène me prêtaient leur grange. On s’est fait confiance dès le départ. »

 

À 63 et 64 ans, le couple Fourny maintient pour l’instant son activité sur sa ferme laitière. Leurs trois filles ont choisi des chemins différents à celui de l’agriculture.

Du service de remplacement…

Quand Valentin Werther a obtenu son BTS en juin 2021, il s’est présenté au service de remplacement de la Vendée qui l’a engagé le 1er juillet 2021 en CDI. Ce contrat lui permettait de vivre de nouvelles expériences.

… à la responsabilité d’un élevage

Mais les circonstances l’ont fait quitter le service de remplacement cinq mois après son arrivée, « pour prendre la responsabilité d’une exploitation laitière en bio à La Chaize-le-Vicomte ». À la suite du décès de l’un des deux associés de la ferme de la Futaie, il a fallu revoir l’organisation de toute l’équipe. « C’est René Bigot, l’ancien chef d’exploitation, devenu salarié sur le volet commercial de la ferme, qui a fait appel à moi. C’est un ami d’Yves et d’Irène. Ils sont de la même génération. La priorité, alors, était de maintenir l’activité de l’exploitation. Je n’ai pas hésité, j’ai quitté mon boulot, et suis devenu responsable de toute la partie élevage. »

 

À la Futaie, qui compte 60 vaches, le lait est transformé sur place en yaourts, crèmes dessert, fromage blanc et fromage frais sous la marque Invitation à la ferme. « Depuis novembre, je travaille énormément, au niveau du troupeau, mais aussi des cultures. Un salarié pour m’épauler devrait me rejoindre le 10 de ce mois. » René Bigot l’accompagne dans la plupart de ces démarches. « Il m’en apprend chaque jour davantage sur la ferme. »

Une embauche réussie

« La question de l’installation est pour moi mise de côté. Ce poste en CDI me permet d’acquérir une grosse expérience. Heureusement, je ne suis pas lâché seul sur la ferme. » En plus de Nathalie Mallet, la gérante, la ferme compte au total trois salariés, « bientôt quatre ».

« Ma formation agricole m’a beaucoup aidé, mais l’accompagnement des aînés est un atout considérable pour moi. Yves et René se sont installés en même temps, avec un passage en bio à la même époque, il y a 25 ans. Ils savent de quoi ils parlent. Quand j’ai un problème, je les appelle. Je crois que pour toute transmission ou embauche, il est là le secret. Pouvoir bénéficier de relais, voire d’appuis, prendre le temps d’apprendre, aident beaucoup, pour des jeunes comme moi, à sauter le pas. »