Dans les Pyrénées-Atlantiques, onze éleveurs ont testé un prototype de traceur GPS satellitaire pour suivre leurs animaux en estive.
Cet été, Panpi Mounho, éleveur, a suivi les mouvements de ses ovins et bovins à distance grâce à des balises Spot Trace placées sur une vache et une brebis. Initialement, ce traceur GPS d’origine américaine n’était pas destiné aux animaux. Mais onze éleveurs, accompagnés par la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques et le développeur français de la balise (Agiltech), ont néanmoins testé dix-huit premiers prototypes. « Nous avons opté pour la communication satellitaire, explique Panpi. Nous avons adapté le système pour obtenir un outil résistant aux chocs avec une batterie assurant quatre mois d’autonomie. »
Bilan déjà positif
Pour répondre à ces exigences, un « maker » local a conçu deux boîtiers en plastique ABS (acrylonitrile butadiène styrène) à l’aide d’une imprimante 3D, l’un pour contenir quatre petites batteries, l’autre pour la balise. Ces étuis sont montés en vis-à-vis sur une courroie souple et reliés par un câble protégé sous un rabat. Le collier monté pèse environ 800 g. Pour économiser les batteries, la balise n’émet qu’un signal par heure, communiquant la position de l’animal porteur. L’utilisateur visualise les positions sur le fond orthophoto de son application et peut consulter les circuits réalisés par les animaux sur vingt-quatre heures, sept jours ou un mois. D’ici novembre, tous les colliers seront récupérés pour juger de leur usure. En septembre, le bilan était d’ores et déjà très satisfaisant.
Éviter les allers-retours
« Le système a très bien fonctionné, m’évitant de nombreux allers-retours », précise l’éleveur. Son estive, non gardée mais accessible en voiture, se situe à une vingtaine de kilomètres de l’exploitation : « L’accès est souvent compliqué en journée car il s’agit d’un chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle extrêmement fréquenté. Chaque aller-retour prend au moins deux heures, parfois plusieurs fois dans la journée. »
D’ici l’été prochain, le prototype devrait un peu évoluer afin d’en améliorer l’étanchéité. Les éleveurs cherchent une astuce pour maintenir la balise sur le dessus du cou et éviter sa rotation. Ainsi, tout en optimisant la liaison satellitaire, elle sera plus à l’abri des coups et des frottements. L’objectif serait de proposer d’ici un an ou deux un produit complètement sécurisé, avec la possibilité d’achats groupés. Son coût est pour l’instant d’environ 300 € par collier. La durée de vie de la balise est de cinq ans. À cela s’ajoute un abonnement annuel d’une centaine d’euros, pour assurer la communication. « C’est un investissement largement rentabilisé, vu les économies de carburant et le gain de temps, estime l’éleveur. Quelle sérénité de savoir ses animaux au bon endroit. Nous imaginons déjà les évolutions possibles : accéléromètre, alertes, clôtures virtuelles… En attendant, nous remettrons le collier l’an prochain ! »
Hélène Quenin
« Nous intervenons à bon escient »
L’idée d’adapter la balise GPS au cou des animaux arrive tout droit de chez Anne-Marie Doumecq, éleveuse à Accous (Pyrénées-Atlantiques). « Mon fils a découvert ce système de communication satellitaire chez des bergers aragonais en 2019 », explique-t-elle. À l’été 2020, l’éleveuse a équipé une brebis et une jument. « En estive, nous avons environ 1 200 brebis à ramener tous les soirs près de la cabane, les nôtres et celles de trois autres éleveurs. Elles sont divisées en trois lots. Il suffit d’équiper un seul animal par lot. Cet outil ne remplacera jamais le travail de l’éleveur, mais il facilite notre quotidien. Nous gagnons du temps en intervenant à bon escient. » Il convient d’avoir un minimum de réseau pour se connecter à l’application, « mais chaque utilisateur a identifié des points sur l’estive où il peut le faire ».