Dans la Cuma de Marc-Alexandre Delcourt, l’arrachage de la pomme de terre se fait en duo. En effet, le chantier se compose de deux machines, une première arrache et aligne les tubercules. La seconde récolte les pommes de terre andainées, ainsi que deux autres rangs.

Lorsque cette Cuma, située dans la Somme (80) a eu une augmentation de sa surface en pommes de terre il y a 5 ans, elle a cherché des solutions pour accroître son débit de chantier, sans faire exploser son coût d’arrachage. « Nous sommes passés de 200 à 290 ha de tubercules, la GT 170 (une arracheuse deux rangs sans trémie) était devenue trop petite. Avec des fenêtres climatiques parfois courtes, nous voulions être dimensionnés pour être sereins » explique Marc-Alexandre Delcourt qui s’occupe de cette culture au sein de la Cuma. Le groupement d’agriculteurs a d’abord essayé une automotrice à 4 rangs.

Cependant le débit de chantier, mais aussi le coût d’entretien de la machine, ne les ont pas convaincus. Ils ont alors repensé leur organisation de chantier. « Nous avons décidé de travailler avec une aligneuse et une arracheuse automotrice. Avec cette solution nous avons vraiment un débit de chantier multiplié par deux par rapport à une machine de deux rangs. De plus, les coûts d’entretien sont plus faibles que pour une automotrice à 4 rangs constate Marc-Alexandre. Aujourd’hui nous avons un coût d’arrachage autour de 300 €/ha, ce serait environ 100 de plus avec une automotrice de 4 rangs » poursuit l’agriculteur.

© Pierre Peeters/GFA - Sur la Cuma, trois personnes, dont Marc-Alexandre Delcourt, s'occupent de toute la partie pommes de terre, de la plantation jusqu au stockage.

Deux arracheuses

En pratique, le chantier est composé d’une première machine, une arracheuse Grimme GZ. C’est un modèle simplifié traîné, dépourvu de trémie. Elle comprend deux chaînes de tamisage et un tapis à tétines « Nous ne voulions pas de système MultiSep (rouleau et contre rouleau) pour ne pas avoir un nettoyage trop agressif ». Cette GZ a été modifiée par Marc-Alexandre et la SAPC, le concessionnaire local de la marque, pour que les pommes de terre, une fois nettoyées, soient déposées au sol entre les deux buttes du côté droit.

© Pierre Peeters/GFA - L'élévateur de la GZ a été remplacé par un tapis à chaînes. Il possède une extension pivotante pour déposer les pommes de terre au plus près du sol.

La seconde machine est une Grimme Varitron 270, une arracheuse de deux rangs, munie d’une trémie de 7 tonnes. « Nous sommes partis sur une automotrice, surtout pour le confort d’utilisation, mais également car nous avons l’opportunité de louer cette machine à notre concessionnaire et non de l’acheter, confie Marc-Alexandre. Le coût de notre automotrice est donc plus faible que si nous l’avions achetée».

La Varitron arrache donc ses deux rangs habituels, mais ceux-ci sont garnis des tubercules déjà arrachés par l’aligneuse. Ainsi, l'automotrice récolte l’équivalent de 4 rangs. Aucune modification n'a été nécessaire sur la Varitron, pour récolter les pommes de terre de la sorte. "Il n'y a pas plus de terre qui monte dans la machine car les tubercules déjà arrachés sont propres. C'est juste que la trémie se rempli plus vite, sourit Marc-Alexandre.

Avec notre système nous avons un bon compromis débit de chantier/coût. L’un des principaux inconvénients, c’est la nécessité d’un chauffeur en plus. » En effet, les deux machines travaillent en même temps, il faut donc un tracteur et un chauffeur pour l’aligneuse, pendant que l’automotrice fonctionne de son côté avec plusieurs ensembles de transport.

© Pierre Peeters/GFA - La seconde machine arrache deux rangs et récupère les pommes de terres déjà arrachées par l’aligneuse.

Une machine modifiée

Pour passer d’arracheuse à aligneuse, la GZ de chez Grimme utilisée par la Cuma, a subi quelques modifications. L’élévateur à col-de-cygne a été complètement démonté et enlevé. Il a été remplacé par un tapis à chaîne, entièrement conçu par la SAPC et Marc-Alexandre. Ce tapis peut coulisser de droite à gauche et possède une partie articulée à droite, pour déposer les tubercules au plus près du sol.

« Nous avons repris l’entraînement de l’élévateur pour faire tourner ce tapis, alors que deux distributeurs hydrauliques pilotent les fonctions du tapis ». Des protections en caoutchouc entourent la sortie du tapis pour canaliser et amortir la chute des tubercules. Des modifications ont également été apportées l’essieu, pour gagner en stabilité sur la route comme aux champs.

"De plus, nous avons ajouté un éclairage et une caméra, qui éclairent et filment au niveau de la dépose de tubercules, c'est ainsi plus confortable pour le chauffeur". À l'avenir, le groupement d'agriculteurs souhaite conserver cette organisation de chantier. "Dans quelques années, nous remplacerons peut-être la GZ par une GT, toujours avec les mêmes modifications. Ces machines, plus récentes, ont un coût d'entretien encore plus faible" constate Marc-Alexandre.

© Pierre Peeters/GFA - L'arracheuse-aligneuse utilisée sur la Cuma est une ancienne Grimme GZ. Elle a été modifiée pour déposer les tubercules sur le côté.