Installée sur la commune de Sylvains-les-Moulins dans l'Eure, l'exploitation de Christophe Vandewalle, comporte un élevage de volailles et 77 hectares de cultures, composées de colza, blé, orge, maïs... En 2019, après avoir regardé une vidéo d’Hubert Charpentier, Christophe décide de modifier sa manière de travailler ses parcelles. Il souhaite avoir un couvert permanent dans ses champs, et semer dessus en direct. Il investit donc dans un semoir de semis direct John Deere 750A d'une largeur de 3 m, doté de trois rangés d'éléments semeurs. Pas assez adapté à ses attentes, il décide de l’améliorer tout en conservant la même largeur de travail.
Un semoir totalement repensé
"J'ai commencé en 2020 par déplacer la trémie d’origine, tout en allongeant et renforçant le châssis. J'ai ensuite ajouté une seconde trémie, identique à la première, pour implanter mes couverts. Christophe a également fabriqué un système de rehausses en acier inoxydable qui comprend deux petites trémies. Elles sont équipées de distributions venant d’un semoir Nodet. Les graines sont ensuite envoyées dans le circuit de transport principal. "Je peux ainsi semer plusieurs produits en même temps" explique l'agriculteur. Par la suite, il a modifié les éléments semeur. Pour chacun d'entre eux, il a ajouté une roulette de fermeture étoilée, ainsi qu'une seconde descente pour apporter un deuxième produit au pied de la roulette. Ces descentes sont connectées à la deuxième trémie. Christophe a remplacé le premier rang d’éléments semeur par une rangée de 18 disques ouvreurs, sur lesquels il a ajouté un anneau de chaque côté pour ne pas aller trop profond.
Une pression par élément très précise
"Avec toutes mes modifications, je peux exercer une force maximale de 300 kg par élément. Lorsque je sème du blé, celle-ci est située entre 100-120 kg." Il a aussi été nécessaire de renforcer l'essieu. Christophe a ainsi mis un axe traversant pour accueillir les roues et a fabriqué un support renforcé, car le semoir pèse 6 tonnes à vide.
À l'arrière, un double rouleau spire Franquet a été ajouté. « Je ai écarté les spires, car elles avaient tendance à se bloquer à chaque fois qu'une pierre passait dedans." Ces rouleaux ont l'avantage de tasser la totalité de la surface travaillée. De plus, ils sont synchronisés pour éviter qu'ils ne se coincent entre eux. Avant d’installer les rouleaux spires, Christophe eu l’idée de mettre 8 roues indépendantes, mais c’était trop compliqué à mettre en place.
Les informations sont envoyées en Wi-fi
Les distributions des trémies ont été dotées d'un moteur électrique et converties en DPAE*. La roue squelette est pourvue d'un capteur électrique. Il envoie la vitesse mesurée à un boîtier tactile, installé sur le côté du semoir. "J’ai passé environ une semaine à coder mon boîtier en plus de modifier la structure de mon semoir. Pour se lancer dans le codage il faut être avant tout passionné car c'est un travail de patience" révèle l'agriculteur.
"J'ai utilisé le langage Python et une carte Raspberry, avec écran tactile. Au fur et à mesure des tutoriels et des conseils sur différents forums, je suis arrivé à configurer l’interface tactile, fixée sur le semoir. J’ai programmé ma carte pour qu’elle recalcule la vitesse de la roue toutes les secondes. La distribution a été paramétrée pour se lancer dès que la roue se met à tourner. J’ai aussi installé un mode "pesée" pour l'étalonnage de la dose. Le système me permet de savoir approximativement la quantité de matière qu'il me reste dans les trémies, car le boîtier tactile renvoi toutes les informations en Wi-fi à ma tablette dans le tracteur" décrit Christophe.
Semer tous types de graines
« Avec cet outil, je travaille à une vitesse moyenne de 7,5 km/h. Il me sert à semer du maïs, du blé, du tournesol, des pois et du colza. En passant au semis direct, j'ai perdu un peu de rendement, mais j’ai aussi réduit le nombre d’interventions dans mes parcelles, donc ça équilibre les comptes. En tout, ce projet m'est revenu à 35 000 €. J'ai acheté le semoir 20 000 € alors que l'ensemble trémie/bâche m'a coûté 3000 €. Il y a en a pour 11000 € d'équipements rajoutés, d'acier et d'hydraulique. J'ai également dédié 1 000 € à l'électronique. Ce projet s’est étalé sur 3 ans » indique Christophe.
*Débit Proportionnelle à l'Avancement Électrique.