" Ce qui est certain, c’est que nous ne reviendrions pas en arrière ! ", affirment Gilles Guérin et Sophie Verdier, associés du Gaec de la Couze à Valbeleix (Puy-de-Dôme). Au terme d’un premier hiver passé dans leur nouveau bâtiment, fonctionnel depuis novembre 2021, le couple d’éleveurs ne cache pas sa satisfaction. Le lait de leurs 75 montbéliardes est entièrement transformé en Saint-Nectaire fermier.
« Nous disposions d’un bâtiment de 55 m avec 110 places à l’attache en deux rangées en tête à tête, explique Gilles. Le fourrage stocké dans un bâtiment voisin était distribué manuellement en déroulant les bottes. En 2008, nous avions déjà rallongé l’étable initiale de 30 m pour ne plus avoir à utiliser les vieux bâtiments dispersés dans le village. L’inconfort de traire des vaches à l’attache et la difficulté de trouver de la main-d’œuvre nous ont motivés pour moderniser notre système. »
Confort de travail
Les travaux sont rondement menés avec les artisans locaux et un titanesque travail d’autodestruction puis d’autoconstruction des éleveurs (estimé à 2 300 heures). L’ancien bâtiment est ouvert sur un pignon pour être rallongé de 35 m. La charpente est métallique et le toit est en panneaux sandwich isolés. La stabulation est totalement réaménagée en deux rangées de 56 logettes face à face avec deux aires raclées de respectivement 2,50 m et 3,50 m du côté des cornadis. 115 places sont disponibles au cornadis.
La fosse extérieure sous fumière (450 m³) n’étant pas suffisante, une fosse 4 couloirs de 2 m de profondeur a été créée sous l’extension de 35 m (soit 670 m³) et équipée d’un mixeur immergé de 17 kW. Le racleur derrière le cornadis racle 10 fois par jour vers la nouvelle fosse, celui placé derrière les logettes passe 8 fois par jour vers la fosse existante.
« La salle de traite nous apporte du confort et un gain de temps appréciable durant l’hiver. »
Une salle de traite en épi de 2x7 postes avec décrocheurs automatiques et compteurs à lait, ainsi qu'une aire d’attente sous caillebotis flottant ont révolutionné le confort de traite. « Nous mettons aujourd’hui moins de temps avec dix vaches de plus et la pénibilité de ce travail n’est pas comparable", confie Gilles. Les éleveurs sont en revanche contraints de traire au parc avec une cabane durant l’été à cause d’un parcellaire trop dispersé et éloigné.
La distribution de la ration hivernale est désormais plus aisée avec le stockage du fourrage dans le bâtiment, qui abrite aussi l’ensemble des bovins. Le foin est déroulé dans le couloir d’alimentation. Il est ensuite repoussé mécaniquement. Les céréales et le concentré sont distribués à la main sur les fourrages.

De meilleurs résultats
S'agissant des logettes, « elles sont équipées de tapis en mousse et d’une genouillère à eau. Nous avons été agréablement surpris par la facilité avec laquelle les vaches se sont habituées. Alors que nous craignions qu’elles perdent en docilité, elles sont au contraire très faciles à approcher car nous pouvons désormais passer souvent entre elles », précisent les deux éleveurs. Des améliorations de la qualité du lait sont aussi observées. En un an, le comptage cellulaire est passé de 238 000 à 109 000. Le nombre de mammites a diminué. Trois cas ont été avérés l’hiver dernier, contre une quinzaine habituellement.
« Une détection plus facile des chaleurs facilite le travail des éleveurs et améliore sans surprise les résultats de reproduction. L’intervalle vêlage-vêlage passe ainsi de 385 jours entre janvier et septembre 2021 à 374 jours entre janvier et septembre 2022 », précise également Guillaume Labussière, technicien au Contrôle laitier du Puy-de-Dôme.
Au global, le temps d’astreinte a diminué de 1 heure par jour avec 10 UGB supplémentaires. "Il y a moins de précipitation dans la réalisation du travail", apprécient les éleveurs. Ils emploient un salarié qui aide Gilles à la traite et dans les travaux extérieurs. Sophie gère quant à elle la fabrication du fromage qui lui prend 3,5 heures matin et soir, 7 jours sur 7. "Ce nouveau bâtiment va nous permettre d’avancer plus sereinement malgré la charge financière qu’il représente".