Plantain et chicorée sont désormais au menu des 55 vaches limousines d’Aurélien Collinet installé à Janaillat dans la Creuse. Le but est de renforcer l’autonomie de l’exploitation conduite en agriculture biologique. « Le potentiel de mes parcelles est réduit, explique le jeune exploitant. Le pH est acide et la profondeur de sol est souvent limitée. Avec les sécheresses à répétition, elles ont de plus en plus de difficulté à produire. »

L’incorporation des deux plantes dans les prairies multi-espèces vise à la fois à améliorer la qualité des prairies et à augmenter leur production pendant l’été. Plantain et chicorée sont dotés d’un système racinaire développé, aptes à puiser l’eau plus profondément que les graminées. En août, après les orages, elles ont fourni une ressource pour le pâturage appréciable. Le but étant de limiter l’affouragement pendant l’été.

Les premières parcelles ont été semées début septembre 2021. Le mélange comprenait (par hectare) : 4 kg de dactyle, 4 kg de fétuque élevée, 2 kg de trèfle blanc, 2 kg de luzerne et 1 kg de lotier en plus de 3 kg de plantain et 3 kg de chicorée.

Pâturage tournant

« Le plantain et la chicorée ont une croissance rapide et régulière. Ils doivent être pâturés au bon stade, précise Natacha Lagoutte de la chambre d’agriculture de la Creuse. La tige de la chicorée, après la floraison devient ligneuse et peu appétente. Le plantain aussi durcit. » Le pâturage tournant s’impose donc pour une bonne valorisation des deux plantes. « C’est une technique que j’ai déjà adoptée, explique Aurélien. Elle représente un levier important pour éviter le gaspillage et gagner en autonomie. »

Le lot affecté aux parcelles qui contenaient les deux nouvelles espèces a été correctement consommé. Les animaux ont même tendance à prioriser la chicorée. La composition des prairies semble encore assez conforme au mélange. Aucune espèce n’a pris le dessus. Il convient d'être vigilant sur la proportion de la chicorée dans le mélange de départ afin qu’elle ne monopolise pas l’espace.

Les semenciers ont intégré la chicorée et le plantain dans leur catalogue au cours des dernières années. « Je m’y suis pris un peu tardivement en 2021 pour les acheter, explique Aurélien. Mon fournisseur ne disposait que de graines pour l’agriculture conventionnelle. J’ai dû demander une dérogation pour pouvoir les utiliser. »

« En prenant en compte l’ensemble du chantier de semis, la main-d’œuvre et les intrants (semence et dolomie), le coût de l’implantation s’est élevé à 525 €/ha", déclare Natacha Lagoutte. Comme la durée de vie de ces prairies est prévue pour 5 ans, le coût de revient annuel est de 105 €/ha. Plantain et chicorée sont relativement chers comparés aux autres espèces, puisqu’Aurélien a payé le kg de chicorée 17,47 € en 2021.

Avec les fortes chaleurs, les trous sont de plus en plus importants dans les prairies naturelles et l'éleveur aimerait les enrichir avec des graines notamment de plantain et de chicorée. « Je réfléchis encore à la technique culturale à mettre en œuvre pour réussir le sursemis », explique-t-il.