« Nous n’avons enregistré que 283 mm de pluie depuis le début de l’année (1), se désole Guillaume Redon, à la tête de 500 blanches du Massif central, à Saugues en Haute-Loire. J’ai dû rentrer la moitié de mon troupeau en bergerie. Ce lot de brebis ne ressortira plus, puisque l’agnelage est prévu en octobre. Au total, elles seront restées à peine plus de 4 mois au pâturage cette année. »
C’est exceptionnel, mais depuis dix ans qu’il est installé, Guillaume a dû faire face à de nombreux aléas climatiques entre gels sur sol nu et sécheresses à répétition, ce qui pousse le jeune exploitant à mettre en place des parades pour sécuriser ses stocks fourragers. Méteil, dérobées, prairies multi-espèces sont des leviers qu’il « actionne » régulièrement et qui ont été suivis dans le cadre du programme AP3C (2). « Je suis dans l’obligation de produire d’importants stocks car je conduis mes brebis en trois agnelages en deux ans », explique-t-il. Leurs besoins sont plus élevés et se situent à 363 kg de MS par brebis et par an chez Guillaume.

7 t de MS/ha pour le méteil
Le méteil, testé à plusieurs reprises, a obtenu de bons résultats jusqu’à présent. En 2020 par exemple, Guillaume a ensilé 7 t de MS en moyenne par ha. La qualité était satisfaisante avec 131 g/kg de matière azotée totale (MAT). Le semis du mélange, triticale fourrager x pois x vesce x avoine, se réalise en octobre et la récolte au mois de mai qui suit quand le pois atteint le début de la floraison. Cette récolte est incorporée au silo d’herbe.
Le semis de la prairie sous couvert du méteil est une technique qui ne fonctionne pas chez Guillaume. « L’implantation des variétés prairiales, en même temps que le méteil, en automne est trop tardif à notre altitude. Le semis en avril dans le méteil n’a pas été satisfaisant non plus », explique-t-il.
Manque d’appétence pour le moha
Le méteil est suivi d’une culture dérobée installée fin mai. Quelques essais comprenant du sorgho, du teff grass, de la vesce velue, du trèfle d’Alexandrie ont produit jusqu’à 3,5 t de MS d’enrubannage. La culture du moha en revanche n’a pas été satisfaisante. Testée en 2019, elle devait être pâturée par les brebis, mais elles ont refusé de la consommer. Guillaume a dû l’enrubanner.
Autre adaptation en constante évolution : la composition des prairies. « J’ai abandonné le mélange simple trèfle x ray gras hybride pour des combinaisons plus complexes, intégrant dactyle, fétuque, trèfle blanc, trèfle violet, ray-grass anglais, ray-grass hybride et lotier, explique Guillaume. Le but est d’améliorer la pérennité du couvert. Je vais aussi ajouter de la luzerne dans les prochaines années. C’est la seule plante qui est restée verte cet été. Je chaule en conséquence pour que la plante puisse s’implanter plus facilement. » L’ensilage d’herbe constitue la base des stocks. En principe Guillaume récolte 4,5 t de MS/ha, sauf cette année où il manque 30 % du volume habituel à cause de la sécheresse. Le surplus de 2021 comble actuellement ce déficit.
L’élagage des arbres pour offrir les feuilles aux animaux pendant la période estivale a fait partie des solutions explorées par Guillaume. « Je ne recommencerai pas, explique-t-il toutefois. Je ne suis pas équipé pour couper les branches en sécurité. Pour autant, les brebis sont très friandes des feuilles. La productivité de nos surfaces est mise à rude épreuve. Comme je suis contraint de produire un volume constant, je compte aussi saisir toutes les occasions qui se présenteront pour reprendre de la surface et diminuer le chargement. »
(1) Au 29 août 2022.
(2) Adaptation des pratiques culturales au changement climatique. Voir La France Agricole du 4 février 2022, page 34.