Médecine alternative encore méconnue, les éleveurs se tournent vers l’ostéopathie quand la médecine classique n’apporte pas de réponse satisfaisante (1). C’est le cas de Damien Boudet, en système naisseur engraisseur en races limousine et blonde d’Aquitaine sur la commune de Graulhet (Tarn). L’éleveur a fait appel pour la première fois à Karine Troïtzky, vétérinaire pratiquant l’ostéopathie, en 2020, après un vêlage difficile. Cette dernière s’est intéressée à l’ostéopathie il y a dix ans, convaincue que cette discipline avait toute sa place dans sa pratique quotidienne. « C’est une corde de plus à mon arc pour soigner et soulager la douleur des bovins », sourit-elle.

Situations d’urgence

« Le veau était resté bloqué au niveau du bassin une partie de la nuit. Résultat, la vache ne parvenait plus à se lever. Après le passage de la vétérinaire, elle s’est remise debout en trois jours », témoigne Damien.

 

Chutes, glissades, boiteries alors que la cause d’infection du pied a été écartée, fatigue persistante après une intervention lourde, un veau qui ne tète pas après la naissance… : les raisons du recours à l’ostéopathie sont multiples. À chaque visite, Karine Troïtzky procède à un examen complet de l’animal pour déceler les dysfonctions ostéo-articulaires, mais aussi viscérales.

Suivi de la reproduction

Frédéric Planté et sa compagne Karine Moulet, installés à Carbes (Tarn), sont sélectionneurs de la race blonde d’Aquitaine. À la tête d’un cheptel de 80 mères allaitantes et d’une trentaine de vaches mixtes et laitières croisées receveuses d’embryons, les éleveurs exportent des animaux reproducteurs et du matériel génétique dans le monde entier. Dans leur cas, l’ostéopathie est utilisée essentiellement à visée préventive. Habitué des podiums, le couple a recours à cette pratique pour préparer au mieux leurs champions à l’approche des concours. « On le ressent sur leur comportement après la séance, les animaux sont apaisés », relève l’exploitant.

La vétérinaire assure également un suivi sur le long cours aux reproducteurs les plus prometteurs. « La croissance et la prise de poids rapide des jeunes, avec une disproportion entre les quartiers arrière et avant, engendrent des tensions fréquentes le long du dos. Les tissus sont mis à rude épreuve. Le suivi ostéopathique consiste à relancer la mobilité et à faire en sorte que la symétrie du corps soit respectée au mieux », explique-t-elle.

La praticienne intervient aussi pour la mise en condition des meilleures reproductrices au prélèvement d’embryons. L’an dernier, Frédéric et Karine ont confié aux mains de l’ostéopathe leur vache à plus haut potentiel, Jouvence. « Elle a donné 36 embryons, dont 32 d’une qualité exceptionnelle », se réjouit l’éleveur. Cette fois-ci, c’est sa mère, Ébène, qui passe au « contrôle technique », un mois avant d’être collectée. « Âgée de 13 ans, celle-ci avait le bassin bloqué et des raideurs entre les épaules, certainement liés à des chevauchements répétitifs », diagnostique Karine Troïtzky.

La consultation dure en général quarante-cinq minutes, pour un montant de 80 € HT. Afin d’assurer une récupération efficace, la vétérinaire conseille de garder l’animal isolé et sous surveillance pendant quelques jours, dans un box paillé ou sur une parcelle plate.

Lucie Pouchard

(1) Lire aussi : « Nous recourons à une vétérinaire ostéopathe pour nos laitières » dans La France agricole n° 3884 du 1er janvier 2020.

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