Dans le bilan génétique édité en avril 2021, l’Isu moyen des 90 vaches laitières et 120 génisses normandes du Gaec de Tanis, à Chailland, en Mayenne, s’élève à 122. La moyenne des adhérents de l’organisme de sélection (OS) en race normande est estimée à 110. Et l’écart se creuse d’années en années, au vu du progrès génétique enregistré sur l’exploitation : 15 points d’Isu gagnés entre 2018 et 2021. Cette passion pour la génétique et pour « les beaux animaux » anime Frédéric Rossignol et ses associés depuis toujours. L’éleveur est d’ailleurs devenu président du concours interrégional d’Ernée depuis trois ans.
Jeune troupeau
Parvenir à un tel niveau nécessite d’adapter la gestion du troupeau. Outre le choix des taureaux, le premier axe de la stratégie s’appuie sur un renouvellement conséquent. « Toutes les femelles sont élevées, inséminées et vêlées », indique Frédéric. Plus de la moitié des vaches en production sont en première lactation.
L’entrée annuelle d’environ 50 génisses dans le troupeau laitier conduit généralement à réformer 25 vaches et à la vente de 25 autres femelles en lait « de niveau génétique moyen », afin de satisfaire les acheteurs. « Les meilleures restent, et les moins bonnes peuvent, ponctuellement, devenir receveuses pour des transplantations embryonnaires », précise Frédéric (lire l’encadré ci-contre).
« Travailler avec un taux de renouvellement aussi élevé pénalise le rendement laitier et les frais d’élevage, mais réduire l’intervalle de génération est le moyen le plus efficace pour accélérer le progrès génétique », souligne Samuel Lesellier, technicien spécialisé en race normande chez Innoval.
Financièrement, le coût de la génétique et le moindre rendement laitier du troupeau sont compensés par les ventes de femelles en lait ou l’amélioration de la qualité du lait vendu. La pratique d’un vêlage précoce, à 27 mois, permet également de réaliser des économies sur la phase d’élevage. La charge de travail est quant à elle jugée « raisonnable. »
Si l’équilibre semble de mise, divers leviers sont à l’étude pour réduire les coûts, tout en conservant un bon niveau génétique. « Il y a peu, nous utilisions surtout de la semence classique, explique Frédéric. Nous voulons aller vers plus de doses sexées femelle sur les souches à développer, et passer au croisement viande sur celles que nous ne souhaitons pas conserver. » Au fil de l’eau, les transplantations se font sur de meilleures femelles, et les veaux à naître sont toujours plus prometteurs. « C’est un schéma de progression perpétuel », sourit Samuel Lesellier. Freiner le renouvellement permettra également « de faire vieillir davantage de vaches » et de « laisser le potentiel génétique s’exprimer », escompte Frédéric.
En parallèle, le génotypage à plus grande échelle des femelles du troupeau aidera à ajuster les plans d’accouplement. Alexandra Courty
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