« Dans nos vergers de pêchers et nectariniers, le virus de la sharka est présent depuis dix ans. En prospectant régulièrement et en éliminant rapidement les arbres contaminés, nous arrivons à le contenir. Mais nous avons malgré tout dû arracher 1,5 ha sur lesquels nous cultivons désormais des artichauts, les vergers ne couvrant plus que 7,8 ha. Et pour aller plus loin dans la diversification, nous produisons également des concombres en complément des salades sous 7000 m² d'abri froid », expliquent Jean-Marc et Angeline Carrère, du Gaec Mas Falcou à Ille-sur-Têt dans les Pyrénées-Orientales.

La serre multichapelle, déjà utilisée pour les salades d'hiver, date des années 1990. « Quand nous avons démarré le concombre d'été il y a six ans, il a juste fallu ajouter des arrivées d'eau au sol pour le goutte-à-goutte, les salades étant irriguées par des asperseurs suspendus », précise Jean-Marc. Bien accompagnés par leur coopérative, ils ont obtenu de bons rendements dès la première année. Cela les a poussés à construire deux tunnels pour produire un peu plus de concombres.

Huit mois de récolte

La saison s'est ainsi allongée, ce qui les aide à fidéliser leurs saisonniers. « Nous en embauchons deux de novembre à février pour la taille des pêchers, la plantation et la récolte des salades. Ils reviennent ensuite avec quatre autres de mars à août, pour l'éclaircissage des fruits, l'installation et la conduite des plants de concombres, la récolte des artichauts puis celle des pêches, nectarines et concombres l'été », détaille-t-il.

© Frédérique Ehrhard - Sous cette serre multichapelle, il va planter des salades d'hiver après des concombres d'été.

Avec ces quatre cultures la production s'est intensifiée. Il y a plus de travaux différents à gérer, mais les risques sont mieux partagés. Les récoltes s'étalent sur huit mois au lieu de quatre et les rentrées d'argent aussi. Avec un rendement moyen de 25 t/ha en pêche et nectarine et de 20 kg/m² en concombre, ces productions atteignent respectivement 175 t et 140 t. « Nous réalisons 80 % de notre chiffre d'affaires avec ces deux cultures, qui donnent des résultats réguliers d'un an sur l'autre », apprécie Jean-Marc. En salade et en artichaut, avec des marchés plus dépendants de la production des autres régions, les résultats restent variables mais sur des volumes moindres.

Les deux cultures sous abri, salades et concombres, réduisent par ailleurs les risques climatiques. « Ces deux dernières années, le gel a fait quelques dégâts dans les vergers. Nous avons eu peur ! », note-t-il. Mais il n'est pas question pour autant de lâcher les pêches et nectarines. « C'est une production qui nous plaît. Et depuis plusieurs années, les prix se sont régularisés grâce aux distributeurs qui jouent le jeu de l'origine France, comme en concombre », ajoute-t-il.